Tel est pris qui croyait prendre (à son propre jeu)

L'un des premiers titres sonores de Wyler avec tout de même beaucoup de séquences muettes qui doivent représenter les deux premiers tiers du film. Cette scission est plutôt habilement menée puisqu'elle permet de dynamiser les dernières séquences qui reposent davantage sur les dialogues (ou du moins, le scénario fait en sorte d'intégrer des dialogues pour faire avancer l'intrigue). Ca donne une certaine homogénéité à l'ensemble plutôt que d'avoir 2 séquences sur 3 uniquement sonorisées.
Et Wyler a l'air assez à l'aise dans les parties muettes comme parlantes.
J'ai tout de même une préférence pour le premier tiers, très amusant et avec de vraie idées de mise en scènes que n'aurait pas renié Lubitsch entre Laura La Plante qui se retrouve en nuisette et doit s'échapper d'une soirée (excellente utilisation du hors-champs avec une rambarde d'escalier), l’appartement sur le trottoir pluvieux ou encore le convoi des taxi déménageurs. Wyler a le sens du tempo, un certaine élégance mélancolique et sait utiliser l'arrière plan pour annoncer certains gags comme les vitres arrières des voitures.


Par la suite les choses se gâtent un peu et n'échappe pas à la sempiternelle confrontation entre la famille huppée et le fils qui a épousé une "vulgaire" danseuse sans aucun rapport avec la bourgeoisie aristocratique. Les clichés les plus courant répondent à l'appel et les personnages perdent leur peps inaugural. Alors qu'on craint de virer cette fois dans le mélodrame larmoyant, le film retrouve pour notre plus grand plaisir le ton mordant du premier tiers avec l'héroïne bien décidée à détourner le cynisme puritain de l'oncle de son époux pour en faire sa propre arme dans une longue séquence drôle, enlevée, inventive au rythme impeccable. C'est réglé comme du papier à musique.


Avec une partie centrale mieux soignée, on serait pas passée loin du petit classique de la comédie américaine. Mais je vais pas trop bouder mon plaisir puisque ça fait un film largement réussi à 60%

anthonyplu
7
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le 4 mai 2018

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anthonyplu

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