Le Coda de l'Honneur

Trente ans après sa sortie, Francis Ford Coppola présente enfin le montage qu'il souhaitait pour son Parrain 3. Cette version ne bénéficiera d'aucune scène supplémentaire, de plan alternatif ou quoi que ce soit du genre et le "nouveau début" et la "nouvelle fin" vendus ne sont pas des séquences inédites, Coppola offrant a contrario un tout nouveau montage qui, si vous êtes habitué à celui de 1990, risque fort de vous déconcerter. Mais ce nouveau montage a été patiemment pensé et, contrairement aux idées reçues, apporte effectivement une vision alternative du film le plus détesté de la saga...

Le film ne démarre plus sur la maison Corleone sans vie, s'enchainant par l'ordination papale de Michael (qui a totalement disparu) et la fête familiale à un moment gâchée par l'arrivée de Joey Zasa. Non, l'Épilogue commence directement par Michael face à l'archevêque et leur deal monétaire, scène apparaissant à l'origine 40 minutes plus tard. Une manière pour Coppola de présenter son métrage différemment, en établissant d'emblée les enjeux pour l'ancien parrain souhaitant se ranger des affaires. Et si certaines brèves séquences sont supprimées (allégeant par ailleurs les personnages de Don Altobello et Grace Hamilton), le film restera foncièrement le même, avec la même interprétation relativement exécrable et certaines scènes gênantes.

Pour autant, Coda reste bien meilleur que sa version originale : plus concis, plus limpide, plus proche (avec les moyens du bord) que ses deux ainés, notamment grâce à un travail de l'image et d'enchainement de musiques. Coppola ne peut pas faire marche arrière et retourner ses scènes mais a judicieusement choisi de retravailler le rythme de son film, de le peaufiner, de l'améliorer sensiblement sans pour autant le dénaturer. En soi, cette version ne vous fera pas changer d'avis quant à l'identité première du long-métrage, jugée inefficace et pour beaucoup inutile, mais elle reste légitimement bonifiée et particulièrement adaptée pour ceux qui désireraient aujourd'hui voir pour la première fois ce qui n'a toujours dû être qu'un épilogue et non un troisième opus.