Est-ce que cela sent aussi bon qu'on le dit ?

La bande-annonce de ce Parfum Vert laissait augurer d'une drôle d'association de fragrances : celle du décalage à portée humoristique et un fumet de thriller paranoïaque version Hitchcock. De quoi rendre curieux, pour le moins, surtout pour un film français.


La première partie du film semble confirmer qu'une telle association mérite d'être distillée pour être mise en bouteille : avec son assassinat en pleine Comédie Française, sa représentation un poil zinzin, son enlèvement d'opérette ou encore son organisation de l'ombre tout droit sortie d'une bande dessinée, Nicolas Pariser fait étalage de son amour de l'humour un poil décalé, qui ne peut que filer la banane dans le fauteuil.


Grace aussi à un couple des plus improbables, entre un Vincent Lacoste Droopy et une Sandrine Kiberlain Zébulon, duo d'enquêteurs dépassant les professionnels de leur naïveté et de leur inconscience dans une enquête européenne rocambolesque.


Le charme et l'alchimie de ces deux pieds nickelés ne se dément jamais, s'imposant comme le moteur principal d'une oeuvre dont les enjeux thriller sont animés par les constants codes à décrypter, le ballet de signes de présences menaçantes et autres machinations laissées dans l'ombre..


Sauf que plus Le Parfum Vert avance, plus la bonne odeur de son titre a tendance a s'évaporer dans le sérieux. Car son couple abandonne peu à peu ses réactions décalées pour se parer des codes de l'amourette indépassable et bon teint. Soit une convention un peu lourde qui reste sur l'estomac, comme le patchouli de la vieille Tata Suzanne que vous avez sans doute dû embrasser pour Noël en vous bouchant le nez.


Parce que le sérieux reprend finalement le dessus, et que son intrigue policière de démantèlement d'une organisation occulte finit une représentation un poil lourde et explicative dont les rebondissements s'assèchent, dont l'issue sera traitée par dessus la jambe aux yeux de certains. Comme si Nicolas Pariser ne savait plus quoi en faire une fois son mélange des genres invité à l'image.


Et s'il reste ce drôle de duo en total décalage avec le sérieux de l'engrenage dans lequel ils sont prisonniers, le film ressemble à l'un de ses parfums hors de prix dont l'odeur ne reste qu'un gros quart d'heure sur la peau sans laisser grand chose ensuite.


Soit un truc sympa sur le moment, au format échantillon, mais pas de quoi se ruer dans les parfumeries pour trouver l'idée cadeau de dernière minute.


Behind_the_Mask, qui aime bien qu'on lui flatte longtemps les narines.

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le 27 déc. 2022

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