Le Paradis
6.2
Le Paradis

Documentaire de Alain Cavalier (2014)

J'aime bien quand Cavalier essaye de nous faire croire que c'est un vieux gâteux alors que c'est un vrai malin, témoignent les instants d'humour absurdes du film, soulignant humblement la portée de ce film : une ballade charmante et inutile dans le quotidien. J'aime aussi lorsque Cavalier filme des jeunes gens, plus que lorsqu'il filme une scène de cul entre deux objets : on sent à ces moments que les jeunes gens ont une véritable volonté d'apporter des choses au film, inattendues, et la mise en scène devient vibrante, on sent que la caméra découvre ça, parvient à capter ces choses de la vie. Malgré tout je pense que Cavalier, contrairement à ce qu'il croit - puisqu'il touche au quotidien, à l'intime - à néanmoins besoin d'avoir à dire quelque chose sur le cinéma, sinon tout devient très vain. Et c'est bien là le problème. Lorsqu'il filme dans son quotidien l'image au présent de sa femme disparue, dans "Irène", c'est magnifique parce que ça parle du cinéma, ça rentre l'intime, et donc la vie, dans le temps du film. Mais quand il parle comme ici de l'orgasme qu'il a eu à 30 ans quand il a bouffé des Rollmops, ça devient limite. Le problème, ce n'est pas les Rollmops, ce n'est pas l'orgasme, ce n'est pas le sujet, le problème c'est ce qui se dit et ce qui naît de cela. Et dans ce film là, la voix de Cavalier - donc la mise en scène, puisque sa mise en scène tient uniquement à cela - peine à créer un mystère, et donc du cinéma. Je me suis souvent demandé : "où est le cinéma dans tout ça ?". Présent dans la salle, Alain Cavalier a présenté le film ainsi : "c'est un film entre la terre et la lune". Le problème étant : qu'il filme dans un élan cosmique presque risible une boule de bowling à la surface bleutée où un ciel nuageux couvert de cris de paons, je ne vois jamais vraiment à quel moment le film parle de la lune.
B-Lyndon
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le 18 oct. 2014

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