En 1994, trois petits mégalomanes se réunissent pour créer un studio multimédia révolutionnaire qu'ils vont appeler Dreamworks SKG (pour Spielberg, Katzenberg et Geffen). Je ne vais pas vous faire l'historique de la bête, avec en particulier quelques belles bousasses en animation, un échec complet au niveau de la diversification et une indépendance revendue à prix d'or dès que possible, non, non, rassurez-vous, mais je voudrais juste revenir un instant sur les prémices.

A un moment donné, faut lancer le premier film, la dernière bouse prétentieuse moralisante du maîîître tardant à s'arracher de ses fers, ce sera donc Le Pacificateur qui portera bien haut les couleurs et les ambitions de ce nouveau joujou tout neuf supposé redonner le pouvoir aux créateurs !

Pour des raisons improbables qui ressemblent fort à la composition d'un gouvernement qui aurait décidé d'adopter la pratique aberrante dite de la parité, le premier cinéaste élu se retrouve être Mimi Leder, tâcheronne issue de la télévision et accointée à tonton Spielberg, qui pose gentiment ici son premier étron pour le grand écran.

Pour convaincre les spectateurs, un duo glamour est essayé avec un échec alchimique tellement marqué qu'ils devront même faire sauter toutes velléités de rapprochement pendant ces aventures trépidantes à base de bombe atomique volée, de temporalité surréaliste et de satellite tout-puissant...
George Clooney, qui tient ici une année épique avec un Batman dont nous ne mentionnerons pas plus avant l'existence par un reste de pudeur qui nous honore, semble se rendre compte en tournant qu'il n'est fait ni pour ce genre de rôles ni pour ce genre de films. C'est plutôt une bonne nouvelle d'ailleurs, puisqu'il commencera dès l'année suivante une carrière des plus honorables que même son rôle de petit prince de la dosette ne saurait amoindrir.
Nicole Kidman, elle va suivre à peu de choses près le même chemin, va falloir encore se débarrasser d'une ou deux panouilles, d'un projet de vieillard vicelard et moraliste et surtout d'un mari nain relativement encombrant, mais bon, ce film semble avoir eu sur ses ambitions d'actrice un peu le même effet que sur George...

Faut dire, que si vous avez vu le film dont je parle, vous comprenez très vite que ces deux personnes se fourvoyaient de façon ahurissante dans un film Z absolument idiot qui a du mal à justifier son budget très confortable ainsi que le fait d'avoir réussi de justesse à rentrer dans ses frais...


Et oui, parce que toute cette belle ambition affichée par Dreamworks, tous ces beaux discours pompeux et cette prétention suintante en fait, c'était juste pour produire des films comme Le Pacificateur, ce qu'il continue à faire avec une belle constance depuis lors.


La preuve que pour s'improviser mogul, il faut probablement autre chose que d'avoir réalisé deux films d'aventures sympatoches, d'avoir vendu deux ou trois tonnes de musique de merde et d'avoir massacré une belle licence... Je ne défendrai pas plus d'ailleurs la tendance douloureuse qui veut aujourd'hui confier les grands studios à des banquiers tout aussi incompétents, non, parce que producteur, c'est un vrai métier, un métier noble d'ailleurs et qui demande un sacré talent, c'est pas Irving Thalberg qui va me contredire... Diriger un studio de production, c'est encore plus compliqué, suffit pas seulement d'être un gros connard et d'avoir un cigare à la bouche pour être Harry Cohn, il faut aussi avoir l'envie de faire les meilleurs films du monde, et se donner les moyens pour ça.

Torpenn
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le 18 juin 2012

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