Il y a un peu plus d'un mois, je redécouvrais Jurassic park, me rendant compte du véritable génie se cachant derrière ce film.
J'avais connu celui-ci et sa suite dans mon enfance, ainsi ne savais-je pas que Spielberg avait réalisé la suite, c'était comme si j'apprenais quelque chose, une décennie après, pour des oeuvres que j'avais l'impression de connaître depuis toujours. J'avais été surpris de savoir que Spielberg avait réalisé la suite, vu qu'elle est visiblement beaucoup moins estimée, alors qu'il avait fait un si bon travail à mes yeux sur le 1.
Je ne me souvenais pratiquement plus de cette suite, je sais juste que je l'avais vue plusieurs fois dans mon enfance malgré tout.
Je sais que la dernière fois, c'était peut-être il y a 6 ans de cela, dans ces eaux-là, c'était pendant mes vacances à la montagne. J'étais resté éveillé devant le poste pour voir la première fois La mouche en seconde partie de soirée sur M6 (une révélation ! mon premier Cronenberg, et pendant longtemps le seul que j'ai aimé ; heureusement que j'avais commencé par là), et avant cela il y avait Le monde perdu. Ils avaient dû programmer une soirée "Jeff Golfblum dans le rôle d'un scientifique". Ou une soirée "Jeff Goldblum" tout simplement, car il joue toujours un scientifique de toute façon...
Alors que je me demandais ce que valait cette suite après avoir revu le premier film, j’ai trouvé le DVD du Monde perdu pour 2€ pas longtemps après… quelle aubaine.

C’est un peu la même chose qui m’a frappé dans le début du Monde perdu que dans celui de Jurassic park quand je l’avais revu sur mon ordinateur. Le son du DVD est fabuleux, certes, si cristallin, mais à la base il y a déjà un très bon travail de mixage sonore. Dans les vagues dans la séquence 1, on croit entendre s’y mêler des rugissements qui annoncent déjà un danger. A la fin de cette séquence, la transition avec la suivante s’effectue avec le cri d’une femme qui se mêle à un bruit de rame de métro, tandis que le décor exotique de l’île du site B de Jurassic park laisse la place à une pub présentant des palmiers, devant lequel se trouve notre personnage principal.
Le monteur a dû s’amuser, aussi bien avec le son que l’image ; en tant qu’aspirant monteur, j’ai pu percevoir ce plaisir qui a dû être le sien.
Les mouvements de caméras, je l’ai noté dès la séquence 1 également, ont l’air tellement gracieux ! Que ça doit faire du bien d’être un réalisateur renommé tel que Spielberg, d’avoir les moyens d’un blockbuster, et sous sa direction des gens compétents pouvant fournir de belles images pareilles (on la sent, ma frustration ?).
Ce qui m’avait marqué dans le début de Jurassic park, c’était le découpage et certaines ingéniosités exploitant ce qui était vu ou non. Ici, je suis plutôt impressionné par certains longs plans, où il y a une bonne gestion du rythme et des actions qui s’enchaînent sans coupure. On remarque ça dans la séquence dans l’entrepôt au début du film, lors de la préparation pour l’expédition : on nous donne l’impression que ça grouille de partout, un type allume son chalumeau juste quand la caméra passe rapidement devant lui, les personnages ne cessent de bouger tout en parlant à toute vitesse, …
J’ai aussi été assez impressionné par un plan où l’on suit un personnage depuis sa voiture, tirant une corde, l’attachant à un arbre, puis on rentre avec lui dans un bus à moitié penché dans le vide.

"It’s so great to see you", dit Ian Malcolm (Goldblum) aux enfants du premier film, qui n’apparaissent que dans une scène. On pourrait dire la même chose. Malcolm était le personnage le plus drôle de Jurassic park ; il a toujours le mot pour faire rire, même si lui ne rit pas à chaque fois, il est plutôt aigri et sarcastique… et moins drôle que dans le premier film, il faut l’avouer.
On n’a pas Sam Neill ni Laura Dern par contre, on ne fait même pas mention d’eux, Ian Malcolm ne se demande même pas pourquoi lui a été choisi et pas eux. Rien qu’une petite allusion aurait été plus crédible, que l’absence de questionnement.
On a un beau cast néanmoins : Julianne Moore, Vince Vaughn, Pete Postlethwaite, Peter Stormare.
Pour faire retourner notre nouveau héros, Ian Malcolm, et les dinos, on apprend qu’il existait une autre île qu’on ne connaissait pas (tiens donc…) où les créatures étaient élevées. Depuis une tempête, elles sont en liberté totale, mais John Hammond, le milliardaire excentrique à l’origine du désastre dans le premier film, décide quand même d’envoyer des gens sur l’île. Comme le fait remarquer Malcolm, il fait encore erreur ; je dirais même que c’est complètement absurde.
L’explication fournie par le scénariste n’est toutefois pas si mal : Hammond veut qu’on prenne des images des dinos dans leur habitat naturel afin d’avoir de son côté l’opinion publique, et ainsi lutter contre des hommes de la société Ingen qui souhaitent s’emparer des bêtes et les exploiter.
Cela ne suffit pas à convaincre Ian Malcolm néanmoins, alors Hammond le "piège" en lui apprenant que sa copine est déjà sur l’île.
On découvre ainsi la petite amie de Malcolm, et également sa fille. Celle-ci parle de façon soutenue, et est bien trop perspicace pour qu’on y croie (elle comprend que Malcolm aime l’idée d’avoir des enfants, mais pas passer du temps avec). La jeune actrice joue quand même bien, ça rattrape.
De même que pour les raisons menant des personnes à aller sur l’île, il y a une bonne idée aussi pour justifier l’arrivée d’employés d’Ingen, afin d’avoir un groupe plus grand de victimes potentielles ; ils sont envoyés capturer des dinosaures, et sont chargés de les emmener dans un parc qui n’est plus situé en dehors des USA, mais à San Diego, cherchant à faire comme pour un zoo normal, accessible à tous.
Les chasseurs de dinos ont des caractères divers, cela va du scientifique érudit au braconnier idiot, donnant dans ce dernier cas plusieurs caricatures assez nulles.

Nouveaux personnages, nouveaux dinosaures aussi que l’on n’avait pas vus dans Jurassic park. Allez savoir pourquoi ils n’étaient pas présents sur l’île du parc dans le précédent film.
Les FX ne m’ont pas tellement fait d’effet, je ne sais si c’est par habitude, ou si c’est parce que je m’attendais à mieux, 4 ans après le premier opus. En tout cas, j’ai l’impression que les CGI n’ont pas vraiment évolués. Il y a des blue screen qui ont mal vieillis aussi.
Ce qui m’a plus surpris, ce sont les moments d’interactions entre les hommes et les créatures : quand les hommes sont soulevés par une bête qu’ils veulent capturer, quand un velociraptor pousse Malcolm dans une voiture en fonçant dans la portière, … Spielberg est conscient de ce qu’il faut faire pour nous faire croire à la présence physique de ces dinosaures, malgré des effets spéciaux limités.
L’écho au verre d’eau du premier film m’a aussi étonné, là c’est carrément dans des flaques au sol qu’on voit des ondes se former à la surface de l’eau.
Autrement, après avoir revu ce chef-d’œuvre (non, je n’exagère pas) qu’est le premier Jurassic park, tout m’a paru moins bien dans cet épisode 2.
La musique est moins bien utilisée.
Et il n’y avait plus les mêmes sensations fortes. Les scènes de chasse ne m’ont pas tellement fait d’effet.
Les choses changent un peu lorsqu’on en arrive à cette double attaque du bus comportant des idées géniales, avec plusieurs éléments de suspense en même temps qui font monter la tension. Spielberg, avec toujours ses coups de génie et ses idées très éclairées sur ce qui fait que le public croit, ce qui fait que le public accroche à un film, trouve ici ce qui joue avec nos nerfs. Le personnage voyant le vide sous lui, à travers une surface vitrée qui se fissure sous son poids, c’est terrible.
C’est pour moi le moment le plus intense du Monde perdu, qui autrement ne m’a pas tant fait frémir, alors que Jurassic park m’avait fait stresser et retenir mon souffle plus d’une fois.
Les bons moments ne manquent pas pourtant : la poursuite dans les herbes hautes qui est très efficace, l’apprentissage de la mère T-Rex à son fiston, et forcément le mythique passage en ville du tyrannosaure. Marrant à remarquer, maintenant que j’ai grandi : ce plan sur des Japonais qui fuient le dinosaure, allusion forcément aux films de monstres du pays du soleil levant.
Et en ayant connaissance maintenant des classifications des films aux USA, j’ai été étonné, pour ce long-métrage PG-13, de la violence à certains moments (le type piétiné, ça c’était fort…)

Le monde perdu est un bon film, objectivement. Il est juste moins bien que Jurassic park.

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le 24 août 2012

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Wykydtron IV

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