Amour, précarité

Je ne sais pas trop quoi dire. Je n'ai pas détesté. Je n'ai pas adoré. Je me retrouve dans l'entre deux face auquel j'avais été confronté devant Rien à foutre - une autre histoire sur les jeunes et le monde du travail. Ici, le côté romantique d'un jeune homme qui veut faire vivre à sa copine un conte de fée malgré les difficultés de la précarité. Ce point-là de l'histoire est bien, touchant, sincère : la collocation, les petits boulots, les magouilles qui font avancer l'histoire vers une forme de tragique (notamment l'accident pour récupérer les sous de l'assurance). Amour et précarité font bon ménage. D'un côté, lui, issu de l'immigration tunisienne, doit écrire son roman, de l'autre, elle, bien française, doit réviser ses concours. Ils oscillent entre Paris et Lyon (délocalisation de l'amour ailleurs qu'à la capitale !!!). Ça aussi, ça fonctionne plutôt bien, même si c'est plus classique. Il n'y a rien de cliché dans ces personnages. Mais encore une fois, un membre de la famille meurt, comme dans Rien à foutre, et le film devient moins bon, il y a comme un trou. D'un coup des artifices scénaristiques (le numéro de téléphone d'une cliente, on sait pas qui, donné à Nabidi par sa collègue) viennent corrompre la sincérité du film, crée une dispute ridicule et pas crédible. D'un coup, on a l'impression que ça ne marche plus, non pas le couple, mais le film. Et la fin, ou plutôt les fins, deviennent complètement hors sol... Un peu comme le début du film, mais après la tempête qui l'a ravagé. Très drôle, la scène du mariage... Et finalement, on retrouve malgré tout les travers du film d'auteur français type Depleschin dans les derniers instants du film. Dommage, lui qui avait l'ambition de s'en moquer et qui n'était pas loin de réussir son pari... En fait, un film à l'image de la chanson de fin : "pourquoi les gens qui s'aiment sont ils toujours un peu les mêmes ?".

Voilà, je suis mitigé, même si j'ai passé un bon moment, voire de très bons moments avec Louise Chevillotte et Aurélie Gabrielli, comme j'en avais passé avec Adèle Exarchopoulos dans Rien à foutre. Deux premiers films ambitieux, plutôt bons, mais !