Est ce qu'on est dans le manoir hanté des 999 fantômes avec Eddie Murphy ??? Non je crois pas !

Petit point bref et rapide sur les comédies françaises : Depuis un certain temps, tout le monde est unanime pour dire que c'est caca (ne sachant pas si j'ai le droit de dire des gros mots ici, je joue la prudence). En deux ans, la France a connu un défilé de comédies allant racler les plus bas étages de ce qu'on peut produire au cinéma. S’enfonçant de plus en plus au bas-fond du très très fond, on n’espère plus que ça aille mieux. Et au milieu de tout cet embarras un certaine tendance se dégage : Des films faits par des youtubeurs. Et ces 3 dernières années on peut en pointer trois majeurs du doigt : Les Dissociés, en 2015, de Raphaël Descraques, La Folle Histoire de Max et Léon, en 2016, du Palmashow et enfin Le Manoir, en 2017, de Tony T. Datis (sorry, who are you again ?), écrit, entre autres, par Marc Jarousseau dit Kemar. Si les deux premiers valent bien quelque chose, de par et d'autres, à travers de très bonnes idées de mise en scène et d'écriture scénaristique, néanmoins ponctués par quelques défauts évidents, et bien le troisième... bah... bah ça va en fait. Mais pas vraiment non plus.

Le Manoir est un film français réalisé par Tony T. Datis (Tony T. what again?) mettant en scène Natoo, Kemar, Jérome Niel, Ludovick, Mister V, Vincent Tirel, Vanessa Guide, Lila Lacombe, Delphine Baril et Baptiste Lorber. Le film suit une bande d'amis venu passer le nouvel an dans un vieux manoir en Belgique. Lorsque la soirée est perturbée par de curieux événements se déroulant dans l'enceinte du manoir.
Tout de suite, on est frappé par le manque d'originalité flagrant qui se dégage de ce synopsis. On ne sait pas exactement où situer le ton du film, à mi chemin entre le slasher assumé, l'hommage, la parodie ou juste la comédie potache pure et simple. Dans son oscillation, le film parvient à décevoir dans tous les genres. Si le film est un véritable slasher, comme marqué sur la page wikipédia, et bien à aucun moment on ressentira une quelconque crainte par exemple, et le scénario, ultra téléphoné, se clôturera dans un dénouement qu'on verra venir mais à des kilomètres (j'ai deviné qui était le méchant dès les 10 premières minutes du film). Sur le plan comique, les blagues sont plusieurs fois bien trop longues et paraissent encore plus longues quand la chute est prévisible. Ici, l'humour du film ne fonctionne pas fondamentalement sur les dialogues, à la manière d'un Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre par exemple, mais plutôt sur le comique de situation et à répétition. On assiste donc à un assemblages de sketch en fait, la plupart, évidemment, beaucoup moins drôles que d'autres. Ainsi, si on n'accroche pas aux premières vannes, on n'accrochera jamais aux autres. Ce qui nous amène à nous demander quel est le public visé par Le Manoir de Tony T. Datis ? (seriously who is this man ??)
Sans surprise, le film joue totalement la politique du « star system ». Le film est fait pour les fans du studio bagel. C'est-à-dire ceux qui adorent voir Mister V en faire des tonnes, Jérome Niel s'énerver ou Ludovik enchaîner les moments gênants. Pour tous les autres, qui n'ont jamais ri devant leurs sketchs vous pouvez passer votre chemin. On pourra toutefois se consoler d'avoir au milieu de tout cet imbroglio, plus ou moins comique, un excellent Vincent Tirel qui restera toujours juste dans toutes ses scènes.
Au niveau de la réalisation, c'est également très plat. Tony T. Datis (is he american ? I don't understand...) a fait un travail très peu remarquable et un peu décevant pour un film qui semblait proposer un hommage aux slasher ou aux parodies décalés. On pourrait néanmoins saluer l'effort mis dans la séquence d'introduction qui est suivie d'un assez long plan séquence bien maîtrisé et en vrai pas si facile à gérer en raison du nombre de personnages qui interviennent à l'écran. Mais sinon c'est tout.
Si il y a bien un film fait par un youtubeur que je conseillerais mille fois plus de regarder à la place de ce Manoir décevant c'est bien Irregardable de l'excellent Babor Lelefan. Jamais un film fait par un gars du web n'aura réussi à proposer autant de sincérité et d'émotion à travers l'histoire qu'elle raconte (il n'y a rien qu'à voir sa moyenne sur senscritique). Un immanquable. Immanquable !

Donc. Au final, est ce qu'on peut enfin dire que les comédies françaises se portent mieux ? Non. Et ça n'ira définitivement pas mieux tout de suite.