Ce film présenté par une bande annonce qui n'annonçait pas ce film.

C'est toujours extrêmement dur de mettre une note sur des ressentis, surtout lorsqu'ils sont mitigés alors que, globalement, tu as apprécié le film. La subjectivité demeure toujours planquée dans l'ombre, à l'affut. En même temps, le jour où l'on fera des critiques objectives, il faudra m'appeler.
Aujourd'hui donc, un film qui m'a plu mais qui m'a tout de même laissé sur ma faim : Le Maître des sorciers, réalisé par Marco Kreuzpaintner et adapté du roman de Otfried Preussler, Krabat. On parle ici d'un film de Fantasy - sinon, je ne l'aurai pas regardé de mon propre chef - et je vois plutôt de la Med-Fan, plus du Fantastique qu'autre chose ; mais bon, classification, tout ça tout ça...

Ce film est réellement intéressant car je pense, comme pour la plupart des critiques que j'ai lues avant de m'ateler à la mienne parlaient de la bande annonce beaucoup trop épique par rapport à ce que le film propose véritablement, ce à quoi je répond : oui, vous avez raison. Il est clair que la bande annonce remplie à merveille son rôle et titille notre curiosité avec des plans, des enchainements et des musiques à couper le souffle - je m'emballe un peu mais pour schématiser, on est pas loin de ce ressenti - faisant penser à un bon film d'action. Le résultat est d'une nature toute autre, si ce n'est complétement différent.

En clair, ce film nous conte les récits de douze jeunes garçons travaillant dans un moulin. Nous suivons plus précisément le périple de l'un d'entre eux : Krabat. Le travail au moulin n'est qu'un couverture car le maître des lieux se trouve être un sorcier qui initie des apprentis à l'occultisme. Malheureusement, tout à un prix.
Voilà, pas plus de spoil.

Rapidement, rappelons ce que laissait penser la bande annonce sur ce film : une création épique avec de la magie, des épreuves... de l'action quoi.

Maintenant, ce que le film est réellement : un film dramatique.
Alors attention, il est vrai que la bande annonce peut sembler être de la publicité mensongère néanmoins, il faut bien reconnaître que le film est vraiment sympathique. L'histoire prend place dans un cadre historique allemand (durant la Guerre de trente ans), apportant quelques malheurs à l'intrigue comme les pestes, du moins pourrions-nous le croire ! Car c'est exactement le plus gros défaut du film : il propose tellement d'idées extraordinaires à la minute pour n'en remplir absolument aucune ! Dès l'introduction, on nous fait des promesses qui ne seront pas tenues du film - l'histoire des pestes, à part dire qu'il y en a, rien - et même certains points qui semblent cruciaux pour l'intrigue sont laissés dans l'ombre. Ce qui laisse accumule les attentes du spectateur qui, peu à peu, se sent complétement dépassé et ennuyé car toutes les choses intenses prévues sont remplacées par des moments lents et tristes. Cependant, l'aspect sombre et lent du film est captivante, pour peu que l'on pardonne très rapidement le film du mensonge présenté durant la bande annonce sinon, c'est deux heures de lassitude extrême ! Aussi, cette facette nouvelle se révèle vraiment intéressante et plutôt bien amenée, apportant quelques angoisses et interrogations. On accompagne vraiment ces jeunes adultes, on suit leur évolution, le travail et l'entrainement à la magie (qui est par contre très minoritaire). Et tout ça essentiellement du point de vue de Krabat.
Pour résumer grossièrement, on nous offre une intrigue pas forcément épique, aux directions vues et revues (histoire d'amour impossible, de surpassement de soi vis-à-vis des autres apprentis...) avec un dénouement qui tarde un peu mais globalement, l'histoire est plutôt bien équilibrée, apportant des nouveautés au scénario que le film cependant prendra soin de trier minutieusement : comme déclaré précédemment, une grande partie - si ce n'est absolument tout - des idées géniales sont introduites mais jamais creusées à fond, on n'en voit jamais tout le potentiel et c'est désagréable, vraiment dommage car il s'agit de la petite étincelle qui rendrait le film accrocheur.

Pour ce qui est des personnages bon dieu, il y en a trop !
Nous suivons, en plus du personnage principal qui a pas mal de choses à prouver, onze autres garçons, des villageois(es), un pseudo antagoniste - qui s'il est plutôt classe parce que mystérieux fait parti de ces éléments totalement abandonné par le film - et le maître des apprentis, le sorcier. Et autant dire qu'avec tous ces personnages, il y en a que l'on ne va pas entendre parler longtemps parce que même en deux heures, on a pas le temps et de faire participer activement tout le monde et les développer de manière sérieuse. Ce qui fait que cinq, six grand maximum se retrouvent sous les feux des projecteurs tandis que les autres servent de décor dans les plans larges. Pourtant, on sent, lors des présentations, que les scénaristes avaient des idées de personnages travaillés ; promesse non tenue une fois de plus. Et sur ces six personnages, seulement trois vont nous attirer une sympathie parce que bien plus travaillés, en même temps, en tant que personnages principaux... Autrement, il n'y a rien à dire d'exceptionnel sur ces personnages. Le héros est intéressant, plutôt bien présenté et mis en valeur mais sans plus. Après, le maître des apprentis, s'il est charismatique semble bien inoffensif, ce qui ne colle pas avec l'évolution que le film avait prévue pour lui ; nouvelle promesse en l'air je suppose.

Pour les effets spéciaux, il n'y a, là encore, pas grand chose à spécifier si ce n'est que les transformations magiques sont plus bien faites. Et quitte à à parler de magie ici, on notera que pour un film ayant pour titre Le Maître des sorciers, il est décevant de ne pas voir plus de magie. Surtout que la magie présentée, autre que les transformations, est assez risible voire complétement ridicule. Les - rares - scènes de combat où la magie est employée demeurent grandiose au sens ironique...

Les paysages demeurent efficaces malgré des plans assez basiques pour un film de Med-Fan ; mais les grandes étendues de forêts restent sympathiques.

Pour ce qui est des musiques, là aussi ça reste, non pas forcément efficace mais acceptable d'autant qu'une ou deux nous prennent par les sentiments. Autrement, on dira simplement qu'il y a des musiques.

C'est donc l'histoire d'un film qui était survendu et qui, au final, se révèle intéressant mais pas au niveau qu'on attendait. Il demeure néanmoins divertissant si on le regarde comme un film sombre, à l'atmosphère dramatique et si le manque, parfois cruel, d'action ne dérange pas. Autrement, disons qu'il est bien de le regarder au moins un fois : ce n'est pas un inconditionnel du genre mais ce n'est certainement pas un exécrable film obtenant les pires notes imaginables comme il est possible de le voir un peu partout (sur ce site compris). Il y a bien pire mais heureusement, il y a bien mieux.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !