Le Magicien d'Oz et son univers hallucinant au kitch à tomber par terre, aux couleurs de bonbons acidulés. Sa plasticité qui fait dès lors, malgré son immense onirisme, un monde falsifié, étrange, inquiétant. Et c'est là tout l'immense charme de ce film : son esthétique en Technicolor au summum du kitch.
La certaine inquiétude aussi, du chemin de briques jaunes en permanence désert, d'une mystérieuse solitude, avec ces paysages qui ne servent là que pour décorer, et alors il y a un mystère, une sorte de terreur parallèle face à ce monde magique.
Bien sûr, dans Le Magicien d'Oz, il y a le rêve, à cent à l'heure. Le merveilleux des contes de fée qui fait rêver tout un chacun, les chansons qui transpercent de leur candeur, de la joyeuseté, de leur onirisme si parfait qu'il n'y a rien à en redire.
Les comédies musicales, ça s'envole très haut dans les airs pour ne chanter que le soleil, la beauté des choses, la grandeur d'une âme enfantine qui regarde avec des yeux obnubilés, le monde.
C'est magique.


Mais Le Magicien d'Oz joue sur un paradoxe immense, gargantuesque. Et c'est sans doute l'un des films pour enfants le plus tordu, manipulateur, illusoire.
Car ce que dit le film de part son univers enchanté, c'est que rien ne vaut la réalité. Que la réalité est plus importante que les rêves.



Il faut se contenter de ce que l'on désire dans son propre jardin. Si
ce que l'on désire n'y ai pas alors il n'est nul part.



Voilà les mots que prononcent Dorothy à la toute fin, lorsque la bonne fée en face d'elle la questionne. Et elle part les souliers aux pieds avec ces mots en bouche : Rien ne vaut la maison.
Durant tout le film, à peine arrivé au pays d'Oz, Dorothy cherche à tout prix à rentrer chez elle, et son seul but tout du long, sera de partir à la recherche du magicien d'Oz, pouvant l'aider à exaucer son souhait, elle le croit.
Le film nous plonge dans l'erreur, dans l'illusion la plus totale, dans le rêve à cent à l'heure, ils nous manipule jusqu'au bout pour nous dire au final que rêver n'est pas bon, il faut rester pieds à terre, la réalité est bien plus importante que les rêves, bien plus belle.
Un message sombre, noir, qui prend tout son paradoxe dans l'évident onirisme, dans le film que les enfants se plaisent à voir, à regarder, à s'échouer, ébloui la beauté droit devant.
Pourquoi alors, malgré l'évidence d'un film pour enfant, ce message si sombre, qui casse tout des rêves ?
Et c'est encore plus surprenant lorsqu'on sait que le livre (que je n'ai pas lu) dépeint quand à lui un personnage bien plus naïf que celui interprété par Judie Garland, et une fin qui ne dit absolument rien de ce que dit le film.


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Lunette
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le 3 mai 2015

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Lunette

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