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Parfois il ne faut pas chercher à regarder au-delà des sentiers battus, creuser dans le désert, fouiller dans la m... Enfin vous m'avez compris. Ruggero Deodato est peut-être définitivement rattaché à Cannibal Holocaust, mais il avait fait d'autres choses, plus terribles. Lone Runner est sans doute ce qu'il a fait de plus atroce.


Lone Runner, c'est d'abord un héros : Garrett. On en fait plus des comme ça, qui errent sur 4 hectares de dunes sans explication. Il est censé aider les gentils bédouins, mais mis à part en brutaliser un à plusieurs reprises, on ne voit pas trop ce qu'il fait pour eux...
Pour incarner ce superbe héros, Miles O'Keefe prête sa musculature spectaculaire et son regard de braise déterminé. Comment ça il faut autre chose? Un personnage moins cliché et plus subtil? Une autre expression faciale? Qu'il s'implique aussi dans les scènes d'action?
Sur le site nanarland cet acteur s'est fait brocardé pour son manque de courage : dans ses films il attaque en général en traître ses adversaires où délègue le travail à ses faire-valoirs. Dans Lone Runner Miles ne faillit pas à cette réputation : sur une dizaine de scènes de combats dans seulement 3 il combat au corps à corps (et faut pas cligner des yeux!) Il passe l'essentiel de son temps à poignarder par derrière dans la nuit, où alors dégomme ses ennemis avec son arbalète à grenades (j'ignorais que le carreau d'une arbalète devait exploser en atteignant sa cible). Sa lâcheté est telle qu'il préfère tendre une embuscade au grand méchant traître plutôt que de le confronter dans leur campement la nuit précédente (avec son arbalète et un filet, il ne prend pas de risques).


Un grand film d'aventures se passe dans un pays mystérieux. Rarement le désert n'aura gardé aussi précieusement son secret. Où sommes-nous? Quel est ce mystérieux pays composé d'un palais (filmé moins de 10 minutes), deux forteresses en ruine, 3 hectares de dune, 1 caravane de bédouins et quelques escouades de nomades? Ce petit monde est censé être dirigé par "Mr. Summerking" d'après la VF et "the Summer King" d'après la version anglaise. Ce Summerking est en tout cas un pur occidental mais entouré de gardes "indigènes", ce qui rend la situation géopolitique assez troublante.


Un film d'aventures regorge de trésors : ici quelques verroteries censées attirer la convoitise du monde entier. Un méchant aventurier met au point une machination compliquée après avoir passé des années dans le désert pour les obtenir, malgré qu'il ait vu que ces "diamants" étaient cachés dans un tiroir pas fermé à clé dans un bureau dans lequel on peut facilement pénétrer. Au moins il aime la difficulté.
Mais le vrai trésor est la fille de Mr Summerking, la princesse Analisa (parce que la fille de chaque monsieur est une princesse?) En effet elle réussit à alimenter l'essentiel de l'intrigue :
- elle se fait kidnapper
- Garrett la libère
- les deux se séparent
- elle se fait kidnapper
- Garrett la libère
- les deux se séparent
- elle se fait kidnapper
- Garrett la libère
- les deux se séparent
- elle se fait kidnapper
- Garrett la libère
Bon d'accord à un moment elle s'évade par elle-même avant de se faire capturer à nouveau.
En tout cas cette frénésie de rebondissements originaux a réussi à éclipser certains clichés du genre comme le traditionnel plan nichon ou même l'histoire d'amour.


Un film d'aventure, c'est aussi des méchants très méchants. Tout d'abord le vilain traître occidental (mentionné plus haut), qui a la flemme de cambrioler un simple tiroir. Il est tellement fourbe qu'il évite de partager avec une tribu son butin, en l'éliminant grâce à une autre tribu plus nombreuse.
Cette autre tribu, celle des "Malakoutes", vaut son pesant de cacahouètes. J'ignorais qu'il existait des cagoules du KKK chez les Bédouins ou les Touaregs. Mais ce sont ses chefs qui volent la vedette à tous les autres personnages du film.
"Skorm", chef d'une tribu arabe, est incarné par le so british John Steiner (bon il a une vague ressemblance avec Peter O'Toole). Steiner a été excellent dans de nombreux films, mais ici il fait plus penser à un Iznogoud en plus psychotique tellement il charge son personnage primaire. (Il paraîtrait qu'il cabotine tout autant dans le film Sinbad en méchant vizir...) Il est de plus fringué comme un méchant de post-apocalyptique, avec du matériau de récupération (épaulettes, lunettes de protection de motard, ...)
Son second, Nimbus, est interprété par Hal Yamanouchi, qui a tourné dans 50% des films bis italiens de l'époque. Au cas où le lecteur ne l'aurait pas remarqué, il est sujet japonais, et ça se voit. Je préfère m'arrêter avant de me lancer dans les stéréotypes locaux (jeu monolithique, mauvais kung-fu...) Le pire étant que Deodato ne filme qu'eux deux, qui ne sont pas cagoulés (je préfère ne pas imaginer la tête des autres).


Pour compléter un film il faut un faire-valoir : Ronald Lacey, qui a fait des petits rôles dans Sahara et quelques Indiana Jones. Lâche, geignard et voleur, il sert de souffre-douleur à notre héros.


Bon, malgré un scénario aussi cliché que troué, un casting dédié au jeu des mille erreurs et une production très cheap, Deodato réussit quand même à faire une bonne série B? Non?
J'ai vraiment eu du mal à identifier le style du réalisateur. C'est filmé platement, mis à part quelques ralentis foireux qui font plus penser à une parodie de Castellari. N'importe qui aurait pu obtenir le même résultat. En tout cas on ne retrouve pas la moindre trace de violence crue (ce film n'est insoutenable que pour les personnes qui haïssent la lâcheté du héros).
La musique de Carlo Maria Cordio met dans l'ambiance, malgré qu'il s'agisse d'une composition au synthé. Son incongruité et sa répétitivité, collent parfaitement aux différentes scènes.


Bon je vais y aller car comme le dirait Annalisa : "on ne va pas y passer les 1001 nuits"

Créée

le 22 sept. 2015

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Jibest

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