Ca fait bientôt trente ans que Scorsese est mort pour le cinéma, sa dernière et longue collaboration avec Di Caprio ne faisant qu’entériner un peu plus lourdement un constat sans appel et c’est probablement l’extrême médiocrité des précédents films du duo qui m’incite aujourd’hui à une générosité presque coupable.


Parce qu’en vrai, trois heures de clip pompier sur un yuppie qui baise et se drogue, moi, ça m’emmerde prodigieusement surtout si l’histoire manque cruellement de rythme et d’enjeux dramatiques…


Il n’y a guère de personnages dignes de ce nom ici, peut-être une tentative au début avec le rôle de Matthew McConaughey qui renvoie en dix minutes ce bon Leo à ses chères études tant tout le reste du métrage ne sera qu’une vaine tentative pour atteindre son niveau…


Jordan Belfort est probablement le type le moins intéressant du monde, une sorte de caricature vulgaire sans relief à qui Leonardo essaie, par moments seulement, hélas, de donner un zeste de présence… Le problème étant que généralement, toute l’esbroufe se résume à des petits tours de consultant minable en marketing et que ce ne sont pas les discours hurleurs à base de « fuck » pour remotiver les troupes qui vont changer grand-chose…


Jason Belfort vend du rien et ça marche tellement bien qu’on se dit qu’il faut vraiment être le dernier des cons pour se lancer dans le douteux quand la légalité lui offrait si facilement et aussi ignoblement tout ce qu’il pouvait désirer de petit et de vulgaire auparavant… Bon du coup, ça évite de remettre quoi que ce soit en cause de ce qui compte vraiment, peut-être qu’adapter la propre bio du dégénéré en question, sorte d’auto-justification-mea-culpaesque de la seconde chance à l’américaine n’était pas la meilleure façon d’avoir un peu de recul, la satire dans le vide finit par se perdre elle-même d’autant plus facilement que le réalisateur utilise sans vergogne les mêmes procédés vulgaires et putassiers que son sujet pour attirer le chaland dans ses filets…


Il y a un casting de seconde zone avec une blondasse interchangeable, un gros porc connu, Kyle Chandler en sosie de Robert Forster et Rob Reiner perdu au milieu de tout ça…
Leonardo Di Caprio est ici moins mauvais que d’ordinaire, enfin, par intermittence, quand il se la joue sérieux, il est toujours incapable d’être crédible mais dans la légèreté ça va un peu mieux, pas pour rien que Arrête-moi si tu peux reste son seul film regardable… Du coup, pour un film qui repompe tous les défauts des Affranchis, c’est presque plus facile à digérer que l’ignoble Ray Liotta…


Heureusement, parfois, il y a des scènes amusantes, parfaitement inutiles et idiotes d’ailleurs, mais distrayantes, une discussion sur des nains, quelques difficultés à se mouvoir dans des conditions particulières et quelques autres façons de pousser la vacuité jusqu’à l’absurde…


A part ça, pas grand-chose pour se rincer l’œil et un jeune loup manquant cruellement de mordant.

Créée

le 7 févr. 2014

Critique lue 3K fois

93 j'aime

46 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 3K fois

93
46

D'autres avis sur Le Loup de Wall Street

Le Loup de Wall Street
Smay
5

Festival mégalobscène

J'allais mettre une note de folie juste après la séance car j'en suis ressorti emballé. Ceci dit j'ai préféré attendre et voir l'évolution de la chose dans mon esprit, à juste titre parce qu'avec du...

Par

le 9 janv. 2014

170 j'aime

Le Loup de Wall Street
hillson
5

Que tu as une grande queue - c’est pour mieux te baiser mon enfant

Un type a dit que 2013 avait apporté des blockbusters de grande qualité, et il a cité Django Unchained et Le loup de Wall Street. Que Le loup de Wall Street soit un blockbuster ne fait aucun doute,...

le 12 janv. 2014

133 j'aime

24

Le Loup de Wall Street
Strangelove
9

"Fuck USA !"

Certains parlaient d'un Martin Scorsese sur le déclin. D'autres disaient qu'il allait se brûler les ailes avec ce sujet si épineux qu'est le monde de la finance. Peut-être qu'il le savait. C'est pour...

le 27 déc. 2013

121 j'aime

21

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

467 j'aime

181

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

393 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131