" Wall Street m'a avalé, et chié dans la foulée ! "

Après - Les Infiltrés - puis - Shutter Island - le duo Scorsese / DiCaprio se retrouve pour un film explosif et retentissant qui fonctionne à merveille.
Pour résumer - Le Loup de Wall Street - est une peinture des déviances de la bourse, de l'absurdité du fric spéculatif, avec pour toile de fond la dépravation de celui qui y connait le succès.
Il expose les excès du capitalisme libéral, montrant du doigt ceux qui ont causé l'effondrement du système, entrainant la situation économique difficile que nous subissons encore aujourd'hui.
En ce sens, Scorcese n'a eu besoin que de peu de publicité pour que le public soit sensibilisé à la problématique, puisque déjà tout acquis à la cause.
Parallèlement, il a peut être voulu s'exprimer après un - Wall Street 2 - qui manifestement n'a pas su séduire.

Alors que vaut la nouvelle réalisation du très fameux Martin Scorsese ?

Est à noter tout d'abord un scénario convaincant, bien construit, bien rythmé, opposant toujours l'intellectualité à l'agitation gargantuesque des personnages et s'autorisant toutes les libertés.
On s'attache facilement à chacun d'eux, et la magie opère quand vient aussi vite la tentation de les voir chuter et mordre la poussière, car oui c'est vrai, on a en face de nous les pires salopards qui soient.

La distribution des rôles est "simplement" savoureuse.
DiCaprio livre une prestation énormissime, peut être même sa plus belle performance face à la caméra, tel un bon vin qui trouve la pureté de ses arômes avec le temps.
Les seconds rôles ne sont non plus en reste, et sont au contraire l'une des forces majeure du métrage. De Jonah Hill dans la peau de Donnie Azoff jusqu'au personnage de "moumoute" en passant par Dujardin dans le rôle du banquier suisse véreux, c'est une vraie valse des genres à laquelle il serait difficle de trouver à redire.

La mise en scène quant à elle est superbement généreuse, sublimée par un montage exceptionnel où chaque plan est plus pertinent que son précédent...mais bien entendu on pouvait s'y attendre.
Le génie du grand maître permet une caméra tantôt en travelling autour des personnages tantôt sur Dolly pour donner davantage de profondeur et d'importance à l'image, faisant vivre les ambiances d'arrière-plans et les environnements.
La nature et la variété des plans est impressionante avec tout particulièrement des plongées vivantes et ingénieuses. Le personnage interpelle le spectateur ; des "inserts" au ralentis isolent par exemple un verre qui tombe et c'est toute la plastique des liquides en mouvement qui nous éclabousse de désir.

Chapeau aussi aux dialoguistes.
Leur tâche à l'évidence était loin d'être facile. Il fallait rester crédible tout en collant à l'étiquette absurde et superficielle des personnages. Le plus dur, était de rendre sympathique cette enflure de Jordan Belfort, tête à claques parmis les têtes à claques, et pour le moins, la mission réussit avec brio.

La BO est sympathique. Et si elle l'est, c'est qu'Howard Shore, le compositeur, a su correctement la doser. Ni trop présente comme cela peut parfois être préjudiciable, ni linéaire, mais justement équilibrée.

En 1670, Blaise Pascal écrivait : "Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature : l'instinct et l'expérience."
Le talent de Martin Scorcese est sans nul doute le meilleur atout du film, lui conférant une saveur bilatérale palpitante à couper le souffle.
On peut reprocher à l'épilogue de manquer de piment, comme s'il avait été freiné dans son élan. On aurait aimé prendre en pleine face une dystopie plus sévère encore, et c'est presque dommage.

On serait en définitive tenté de mettre 3, pour la puanteur omniprésente qu'y s'en dégage, mais on pourrait aussi bien lui mettre 9 pour l'ingéniosité d'une réalisation sophistiquée, perfectionnée d'un bout à l'autre.

Lorsque j'étais ado, la gueule pleine de furoncles, je détestais DiCaprio, qui avec - Titanic - était la référence absolue des filles alors plus difficiles à séduire.
Avec ce film, ma rancoeur et ma jalousie se sont envolées d'un coup, et encore à cette heure, sa performance remarquable me fait dire que je l'aime, moi aussi...

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le 14 janv. 2014

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FPBdL

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