On n'y croyait plus, le voilà, enfin ! Le grand chef d’œuvre de Martin Scorsese qu'on osait plus espérer, le film somme d'une carrière géniale, et la vrai grande réussite de la collaboration Dicaprio/Scorsese.

En effet, après s'être essayé avec plus ou moins de succès à divers genres populaires : la reconstitution historique, le biopic, le remake de polar façon yum-yum, le conte pour enfant, le mindfuck twist etc... le tout sans réel échec il faut bien l'admettre, (Le plus médiocre des Scorsese vaut bien mieux que 90% de la production cinématographique occidentale, sans forcer...) Maestro Scorsese revient à New-York et à son domaine de prédilection : l'autopsie sociétale au travers du portrait d'un truand et de son milieu...

Mais pour retrouver cette saveur, ce frisson, cette folie, il fallait un écrin neuf à la mesure du talent de son réalisateur. Et cet écrin, c'est Terrence Winter, peut-être la plus belle plume de l'écurie HBO, qui va l'offrir. Le Monsieur étant l'un des principaux scénaristes de la meilleure série du monde : Les Soprano, ainsi que de la très brillante Boardwalk Empire, qui utilisent toutes deux fortement le matériau Les affranchis/Casino, on peut dire qu'il connait sa grammaire scorsesienne sur le bout des doigts. Et l'on sent parfaitement que ce dernier brûle de rendre à César ce qui lui appartient, d'où une succession de voix off anthologiques et de dialogues ciselés à la perfection dans la plus pur tradition fuckesque des caïds du New-Jersey.

Et c'est donc avec grand joie que l'on retrouve la petite musique scorsesienne, (Voix off, narration éclatée, ralentis baignés de musique rock, cadrages scientifiques...) et pourtant quelque chose a changé. Le réalisateur de Casino filme toujours l'outrance et le mauvais goût avec autant de classe, mais le lyrisme hollywoodien cher à Scorsese se fait ici malmené par une vulgarité et une régression de tous les instants. Et surtout il filme cette fois ses personnages sans aucune empathie. Terminés les personnages christiques. Terminée la rédemption, élément pourtant central de la filmo de Scorsese. Jordan Belfort est un bouffon, un connard intégral que rien ni personne ne viendra sauver ni damner.
En cassant ce schéma classique de la dramaturgie Scorsesienne, Le réalisateur parvient à insuffler une énergie destructrice qui emmène le film où ne l'attendait pas, dans la satire nihiliste, cynique et totalement dénuée d'espoir. Et si l'on rit énormément durant les presque 3 heures de métrage, il s'agit pourtant là du film le plus dépressif de la carrière de Scorsese depuis Taxi Driver.
Et si Casino était une histoire d'amour, celle d’un homme qui bâtit un monde pour l’offrir à une femme (qui n’en veut évidemment pas) , Le loup de Wall Street est le portait grotesque d'un pathétique maitre d'un monde tombé plus bas que terre.

Créée

le 18 janv. 2023

Modifiée

le 8 janv. 2014

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AirHell

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