Quand lire la bible donne des super-pouvoirs

Bande-annonce qui affiche du sable, de beaux décors, du post-apo comme on en a trop rarement. Scène d'intro plutôt sympathique, visuellement intéressante, avec un type en masque à gaz qui chasse un bestiau à la tronche bizarroïde. Et voilà. On a déjà fait le tour des choses intéressantes de ce film. Dommage, à nouveau, les décors sont réellement beau et si la photographie n'est pas très inspirée (à l'exception de la scène d'ouverture, donc), elle remplit son job honnêtement et se révèle plutôt efficace. Heureusement, d'ailleurs, le script brille par son absence, les personnages - même si, à part Denzel Washington qui fait du Denzel Washington, les acteurs ont l'air d'y croire ! - sont des coquilles vides, qui trainent avec douleur l'intrigue en avant, sans parvenir à trouver l'envolée.

Quant au twist de fin, ami, si tu comptais encore voir ce film, arrête-toi là, car je vais en parler, c'est précisément l'objet de ma colère, même.

Donc, on a un film, jusqu'à présent, de post-apo pas terrible, mais qui se laisse encore voir, ne serait-ce que parce que les long-métrages de post-apo ne sont pas légions. Mais c'est là que tu te trompes, ami spectateur, car le noeud du film est la présence, dans les mains d'Eli, d'une bible, qui lui permet, en outre, d'être résistant, rapide, fort etd'une précision de sioux quand il s'agit de balancer des flèches (sans viser) pour abattre des oiseaux en plein vol. Le tout en étant, et c'est là que le spoil agit, aveugle, en fait, puisque sa bible est une bible en braille. Voilà. Morale de l'histoire ? Lis la bible, ça donne des super-pouvoirs.

On peut se poser la question de l'importance et de la pertinence d'un tel message dans un film, surtout quand il s'agit du principal ressort dramatique : le héros est, en effet, "juste" un surhomme, capable des prouesses les plus invraisemblables et la mise en scène met l'accent dessus en permanence. Ce qui explique que Gary Oldman s'essaye tellement à lui arracher son livre, forcément. En vain, donc, puisque l'ami Denzel est bien trop fort pour lui.
Si encore, il y avait eu une once de réflexion sur l'emploi de la religion par les peuples désespérés, la capacité de manipulation d'une base religieuse sur des gens prêts à croire à n'importe quoi, le film aurait pu exercer un minimum d'intérêt. Faire simplement la distinction, en somme, entre le dogme et la pratique de la foi. Non, on découvre juste que croire, c'est être meilleur que les autres. Et dans ce créneau, Denzel joue sans aucune retenue.

Fatalement, cela finit en propagande chrétienne et indigeste.

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le 6 janv. 2011

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