Cette peinture aux néons des bas-fonds d’une nuit de Chine, s’avère être une expérience remarquable dans sa stylisation. Quant aux enjeux, le déclin et la chute, ils sont un véhicule qu’utilise le réalisateur pour masquer ses influences.
Pas réellement emballé par le précédent film de Diao Yi’nan, le polar enneigé et austère Black Coal, je me laissai tenter par deux aspects primaires, pour visionner ce dernier : son affiche, avec cette petite lueur d’espoir dans un bain de lumière obscure, et son titre, ouvrant un grand champ d’espaces des possibles.
Rapidement, j’ai pensé à un autre cinéaste chinois s’étant illustré récemment par sa distanciation et sa stylisation, en l’occurrence l’auteur d’Un Grand Voyage vers la Nuit, Bi Gan. Les lieux, décrits comme un espace imaginaire, froid et austère servant de lieu l’errance à un quidam qui traverse la nuit comme une quête sans espoir autre qu’une échappatoire. Malgré ses emprunts évidents, Yi’nan préfère la confrontation directe au genre à la digression permanente.
Plutôt doué pour créer de l’imagerie, il réussit quelques plans séquences de toute beauté, techniquement bluffant, à la violence sèche et subite, qu’il filme frontalement et sans concession, comme pour faire mieux exploser les interdits inhérents à la censure étatique. D’emblée on comprend que la quête du héros, ici un chef de gang déchu traqué de toute part qui tente un dernier baroud d’honneur, est totalement sans espoir. Se battre contre un système étant une illusion délétère. Les policiers qui le traquent ne se dépareillent pas des gangs dans leur gestuelle et leurs méthodes. Ils sont vêtus pareils et utilisent les mêmes procédés violents.
Une peinture sombre teintée de fatalisme, extrêmement stylisée, par un auteur vraisemblablement doué techniquement qui gagnerait à donner de l’épaisseur à un script souvent confus et au final assez creux.