Le Jardin secret par Christine Deschamps

Le merveilleux, c'est vite casse-gueule. Rien de plus facile que de glisser dans la mièvrerie et la caricature, sous prétexte qu'on s'adresse aux enfants (ou à l'enfant dans le spectateur), et ce film n'évite pas totalement l'écueil. Si bien que le pauvre Colin Firth - comme absent à lui-même - se retrouve à jouer d'interminables scènes d'oncle bourru brisé par le chagrin et sourd à la joie de vivre des enfants autour de lui. Et ça dure, et ça dure, même quand

son erreur ne saurait être plus flagrante. Et quand enfin on lui donne le droit d'ouvrir les yeux de son personnage, c'est pour torcher un finale idyllique en deux coups de cuillère à pot, parce que c'est un passage obligé et que, tout ayant été téléphoné depuis les 10 premières minutes, on aurait l'impression de se répéter à trainer davantage. Bref, ça n'a pas que des qualités. Mais bon, pour être juste, ça n'a pas que des défauts non plus. Quand on aime le mignon, on est servi : chien pouilleux aux yeux humides, petit rouge-gorge facétieux, lumières flatteuses, décors tout droit sortis d'un livre pour enfants réussi, flashbacks lacrymaux, crinolines, robes de bal, manoir victorien et j'en passe, tout est fait pour coller à un imaginaire qu'Alice au Pays des Merveilles ne renierait pas. De ce fait, on peut se laisser bercer sans trop de problèmes, d'autant que la petite héroïne a une interprète qui ne démérite pas, malgré son jeune âge et la méfiance qu'on me connaît pour les histoires dont les enfants sont les héros - des mois que je repousse l'occasion de finir les deux derniers Harry Potter, nettement au-dessus de mes forces... Bref, un conte de Noël comme la BBC les adore (d'ailleurs, j'ai vu que Maggie Smith avait participé à une précédente version il y a quelques années) servi par de jolies images de synthèse botaniques, notamment. Pas déconseillé aux enfants, en tout cas.