Dans un bel immeuble bourgeois parisien,trois personnes atypiques vont sympathiser."Le hérisson" est le premier long-métrage écrit et réalisé par Mona Achache,qui adapte le best-seller de Muriel Barbery "L'élégance du hérisson".Difficile de comprendre à la vue du film comment ce roman a pu autant se vendre,mais c'est sans doute dû à l'éternel hiatus entre littérature et cinéma,surtout que cette histoire n'est pas spécialement cinégénique.Achache se heurte manifestement à un manque de matière et l'oeuvre aurait plutôt dû faire l'objet d'un court-métrage.Il ne se passe donc pas grand-chose dans ce film et la réalisatrice délaye à loisir,tire à la ligne,allonge comme elle peut,fait traîner les scènes et meuble en étalant et en étirant.Elle est d'autre part piégée par le dispositif minimaliste d'un récit ne comprenant que trois personnages importants,dont un est très secondaire,doublé d'une théâtralité causée par le cantonnement de l'action au décor unique de l'immeuble.Incapable de transcender son matériau littéraire,la cinéaste abuse de la voix off,cette facilité trop souvent constatée dans ce genre de contexte.Et ce n'est pas l'emballage visuel et sonore qui risque de limiter les dégâts dans la mesure où la musique de Gabriel Yared,sinistre,décuple l'ennui et la déprime,tout comme la photo sombre et crade de Patrick Blossier,aggravée par le recours envahissant à une image vidéo dégueulasse issue de la caméra de la jeune héroïne qui passe son temps à filmer tout le monde.Comble de malheur,les personnages ne fonctionnent pas non plus car ils sont excessifs.La gamine,une surdouée de onze ans,est trop intelligente et s'exprime trop bien,la concierge est trop cultivée et le japonais trop perspicace et empathique.Ce dernier,pétri de sagesse orientale,est d'ailleurs à la limite du cliché raciste.Il est vrai qu'ils sont tellement plus futés que nous,ces nippons,comme ils l'ont démontré à Pearl Harbor,coup de génie sans lequel ils n'auraient pas eu le privilège de prendre sur la gueule les premières bombes atomiques.Ce ratage est d'autant plus déplorable que les intentions étaient bonnes dans la mesure où il s'agit de dénoncer le mépris de classe et la dictature des apparences,ce qui se fait à travers la personnalité de madame Michel.Pour les habitants de l'immeuble,cette femme n'existe pas humainement,ils ne la considèrent que d'un point de vue utilitaire.Tant que son boulot est fait et qu'elle ne les emmerde pas,ils ne la calculent pas un instant.Seuls Paloma,gamine suicidaire et intrusive avec qui elle se lie d'amitié,et monsieur Ozu,nouveau résident clairvoyant et réfractaire aux préjugés qui tombe amoureux d'elle,sauront la connaître et découvrir ses qualités cachées,car la bignole est quand même férue de littérature russe classique et de cinéma d'auteur japonais.L'histoire aura le bon goût de se terminer sur un évènement tragique totalement inattendu.Les comédiens sont parfaits et bien accordés à leurs rôles,qu'il s'agisse de Josiane Balasko,Togo Igawa ou la débutante Garance Le Guillermic.Une jolie troupe d'acteurs évolue à leurs côtés mais est hélas sous-employée du fait de la très faible présence de leurs personnages,qu'il s'agisse d'Anne Brochet,Wladimir Yordanoff,Ariane Ascaride,Valérie Karsenti ou le trop méconnu Jean-Luc Porraz,extraordinaire dans l'hilarant "André le magnifique" dans lequel il incarnait un comédien parisien aussi raté que prétentieux débarquant dans un château du Sud-Ouest pour participer à un acrobatique spectacle médiéval.