En tant que divertissement populaire sans prétention, Le Guignolo remplit son cahier des charges brillamment. La performance de Belmondo mise à part -toujours dans l'excès, la séduction et le spectaculaire, cet ersatz de pacotille de James Bond que l'on croirait ancré en plein dans les années 70, jusque dans sa musique rappelant le travail léger de Gérard Calvi pour Tchernia et ses brutalisations de parties génitales aujourd'hui terriblement ringardes et théâtrales, est le divertissement de fin de soirée idéal et guilleret, rappelant combien le cinéma français était capable du pire comme du meilleur au sein d'une même bobine.
Sous fond de filatures très peu discrètes d'inspecteurs ratés, de rencontres improbables d'agents, de gardes du corps ou d'italiens baroques comme il faut (cette séquence du piano!), Le Guignolo débute comme un jeu de manipulation où l'on se grime dans la peau d'un autre pour parvenir à ses fins, où l'on se moque ouvertement de la bourgeoisie et tourne en ridicule la haute société pour mieux la dépouiller. Caricatures débiles à souhait, accents outranciers, bijoux de pacotille et scènes au pieu pimentent une intrigue guère surprenante mais toujours assez enlevée en dépit des grimaces de rigueur. Belmondo s'exécute le temps de quelques séquences contractuelles, ici en bateau ou en hélico, retombe toujours sur ses pates et interprète Audiard avec le sérieux d'un guignol. Ce clignement d'œil en fin de métrage est comme un pied de nez envoyé au spectateur : entre guignolos, on se comprend !