La grenouille et le boeuf
Un étrrrrrrange guerrier mutique (mais pas muet par ce qu'il devient télépathe dans la deuxième partie du film) et borgne, après s'être échappé de l'esclavage auquel il était soumis pour servir de pitbull dans des combats sanglants (???), se joint à une bande d'allumés de Dieu, venus prêcher la bonne parole chrétienne à ces barbares primitifs de vikings.
Ils les entrainera dans les terrrrrrritoires inconnus zet sauvageuuus du trou du cul du Danemark afin de leur faire vivre un enfer, les emmenant activement ou passivement à la mort, un à un, jusqu'au dernier...
Voila, voila... tout est dit, la totalité du scénario est résumée ici en cinq lignes et le film ne développe rien d'autre que cela sur les interminables 90 minutes (qui en paraissent facilement le triple...) que dure cette invraisemblable purge.
Pour le reste, ça lorgne évidemment du coté du Herzog d'Aguirre, La colère de Dieu pour le récit et les vélleités contemplatives et sans doute également vers le cinéma de Bergman, tendance Le 7ème sceau. Peut-être même faut il y voir un hommage au cinéma panthéiste de Terrence Malick ? Rien que ça...
Nicolas Winding Refn ne doutant absolument de rien et visiblement pas de son génie...
Alors il nous abreuve de cadrage trop léchés, totalement dénués de vie, d'âme et de chair.
Il nous inonde de ces artificiels plans de visages en très gros plan, bord cadre, se détachant "esthétiquement" sur des fonds de paysages brumeux des montagnes, des forêts et des fjords danois.
Il nous englue de ces silhouettes hiératiques, des airs ténébreux et inspirés de ses comédiens (tous mauvais et qui ont surtout l'air de se faire chier autant que nous) et il nous assène avec la régularité d'un métronome des plans cut fulgurants de bastons sauvages ou de ces furtives et rougeoyantes images flash "oniriques" qui font sursauter à chaque fois.
Car, le très talentueux réalisateur et conteur de la trilogie Pusher, d'habitude si électrique et violent, nous avait habitué à une mise en scène frénétique mais qui ne négligeait ni les acteurs, ni les personnages, ni - encore moins - son récit, principal atout de ces trois films.
Ici, tout indique que le bonhomme a d'autres prétentions et d'autres velléités (je n'irais pas jusqu'à parler d'ambition) et que Valhalla Rising souhaiterait s'imposer comme un Aguirre version scandinave, se préoccupant davantage de la forme que du fond et étalant une esthétique pour le moins surannée, poseuse et discutable.
Sauf que, visiblement, il n'a absolument rien compris à ce qui fait le génie et la force du film d'Herzog ou de ceux de Bergman et qu'il semble avoir incroyablement peur du vide...
Quand on s'ennuie à ce point pendant une projection, on a du temps à perdre à décortiquer la mise en scène et on peut même compter les secondes qui s'écoulent.
Or, après quelques minutes c'est ce que j'ai fait: j'ai compté...
et j'ai constaté qu'il n'y a pas un seul plan dans le film qui dure plus de 10 secondes...
Comment installer une vraie lenteur et une vrai contemplation sans oser poser son plan dans la durée ?
Là où, Herzog, justement, ne craignait pas les interminables plans séquences qui faisaient la force et le génie même d'Aguirre
Le cadrage de chacun des plans est ici tellement précieux qu'il en devient ostentatoire, dans un premier temps, et rapidement, l'effet devient risible...
Les visages semblent totalement désincarnés et les plans archi-serrés sont trop furtifs pour qu'on puisse en explorer vraiment l'intériorité. Cela prend même assez vite les airs d'une hilarante parodie bergmanienne...(j'ai eu un vrai fou rire nerveux de dix minutes pendant la projection !)
Quand aux scènes de combats, d'une violence inouïe, qui ponctuent le film et les inserts rouges oniriques ridicules, s'il parviennent vaguement à nous faire sursauter et à nous sortir de notre torpeur, ils semblent tellement hors sujet que l'impression qui s'en dégage et celle d'un grand n'importe quoi.
Le tout est assaisonné d'une musique ambient sourde et atmosphérique agrémentée du souffle permanent du vent qui devient assez vite horripilante et qui, en prime, va crescendo tout au long du film jusqu'au climax final, pour notre plus grand malheur, évoquant les bandes sonores des plus mauvais nanards d'horreur (surtout dans les gros plans du borgne avec son maquillage digne d'une vieux Fulci fauché...) et mystérieusement tourné en langue anglaise...
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un film aussi prétentieux, long, con, chiant et raté que celui là, auquel je n'ai trouvé (et j'ai pourtant eu le temps de chercher...) vraiment aucune qualité, ni aucune circonstance atténuante.
Un conseil: épargnez vous cette purge !