Le Grinch
5.7
Le Grinch

Long-métrage d'animation de Yarrow Cheney et Scott Mosier (2018)

Il était une fois un homme masqué.


Il adorait le cinéma. Mais, en cette fin d'année 2018, les deux derniers films qu'il était allé voir... Ce n'était pas vraiment ça.


Il a donc joué les grincheux sur Sens Critique, dans des billets assassins parlant d'un naturaliste un peu sorcier sponsorisé par Butagaz et une fée Dragée made in Disney qui avait une soeur un peu (beaucoup en fait) marron derrière.


Cet homme masqué, après son inscription sur le site, avait choisi avec un soin tout particulier ses quelques éclaireurs.


Ces derniers l'avaient prévenu que Le Grinch, c'était pas encore formidable et qu'il serait pas mal de passer à côté, que le masqué ne raterait rien.


Cependant, la bande annonce l'avait un petit peu attiré, malgré tout. Mais il craignait très fort que les deux gags étirés qui y étaient présentés étaient les seuls potables du dernier né des studios Illumination (de Noël). Un studio en mode automatique et très peu concerné, surtout après un Tous en Scène paresseux qui se contentait de recycler une certaine idée du télé crochet périmé. Et de massacrer tous les tubes ayant plus de cinq années d'âge (celui du public visé, donc).


L'entrée dans la salle n'était pas faite pour le rassurer.


Car il s'est tout d'abord tapé la queue à la caisse, entre Le Grinch, Casse-Noisette (avec la soeur de la fée, toujours marron derrière) et l'avant-première de Astérix et le Secret de la Potion Magique. L'homme masqué était déjà donc bien contrarié.


Et puis, devant tous ses mioches intenables et les parents je m'en foutistes, le masqué virait déjà au vert et, pour se soulager, envisageait déjà des croche-pieds pour les faire tomber, des claques pour les calmer, des coups dans le saut à pop corn pour les faire pleurer, ou encore des paquets de bonbons enfoncés dans la gorge pour les étouffer.


Tout pour voler le spectacle d'une salle de cinéma, donc.


La lumière s'est éteinte et les premières minutes l'ont énervé, le masqué.


Car, comme Comme des Bêtes, il s'est retrouvé avec l'exact décalque de la bande annonce du film.


Il était ainsi prêt à faire son rabat joie, à se lustrer le poil et à tremper sa plume dans le fiel pour dénoncer la nouvelle arnaque. Et risquer un lieu commun du genre que le temps des guirlandes lui filait les boules.


Sauf que peu à peu, Le Grinch a su tempérer ses ardeurs, au grincheux masqué.


Parce qu'il était bien plus beau, riche graphiquement et velouté que les autres adaptations du bon Docteur Seuss, comme Horton ou Le Lorax.


Parce que cela arrivait sans peine à faire oublier l'insupportable meringue dégoulinante de mauvais goût en forme de crise de diabète ambulante du film de 2000 avec Jim Carrey, que le masqué réservait à ses pires ennemis pour les traumatiser à vie. Ou s'en débarrasser dans d'atroces souffrances.


Parce c'était plutôt bien orchestré, mignon et distrayant, que cela ne trahit pas trop le conte et que cela rajoute des petites friandises humoristiques assez bien vues.


Le Grinch était aussi doté de quelques très bons moments,comme le forfait final inventif, mené d'une main de maître et parvenant à éviter la répétition.


Et c'est comme cela que, malgré un aspect indéniablement niais de fable sur le coeur deux tailles trop petit et l'esprit de Noël qui ne pouvait être évité, que le masqué est sorti de la salle plutôt satisfait. Conquis par l'aspect propre et chatoyant d'un film sans aucune surprise mais arrivant à rester plutôt fidèle à sa source. Et réussissant même par instant à ressusciter l'esprit Chuck Jones.


Même si ce Grinch, au bout du compte, s'avère plus être un "voisin chiant" (© Nick_Cortex) qu'un authentique grincheux très méchant, le film s'avère honnête et même plaisant.


Résonnant de plus d'une bien étrange manière à la lumière des évènements récents.


Car celui qui a volé Noël hier n'est à aucun moment vert.


Sa couleur de ralliement tirerait plutôt vers le jaune. Un jaune qui casse les vitrines, retourne les voitures et crame les sapins de la place Vendome à quatre semaines d'un Noël 2018 déjà bien triste.


C'est bien le jaune, ces derniers temps, qui est devenu Moche et Méchant.


Behind_the_Mask, qui n'est pas pour le mélange des couleurs primaires.

Behind_the_Mask
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le 2 déc. 2018

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