Après avoir commenté le Grand sommeil de Howard Hawks, je continue dans l'univers de Raymond Chandler, romancier dont je suis fan depuis mes jeunes années, avec ce remake qui ne fut pas trop mal reçu en 1978, les temps avaient changé, le grand public pouvait s'intéresser sans trop de difficulté à cette histoire qui reste toujours aussi tortueuse, mais traitée différemment.
Pourtant, le film reste fidèle à Chandler et même au film de Hawks, c'est ça qui est étonnant, je ne sais pas trop comment a fait Michael Winner, qu'on n'attendait pas forcément sur ce genre de projet, vu qu'il est surtout connu dans cette décennie 70 comme le pourvoyeur des films de Charles Bronson, des polars souvent sans trop de nuances, mais très efficaces. Cependant c'est un bon artisan qui a su livrer quelques films intéressants (hors Bronson) avec notamment Scorpio, bonne réflexion sur le monde de l'espionnage soumis aux aléas des trahisons et des contrats de purges des services.
Cette version du roman de Chandler n'a certes aucun point commun avec le film de Hawks sur le plan formel, mais les différences sont multiples : le film est en couleurs, l'action n'est plus située en Californie mais à Londres (co-production anglo-américaine oblige), et surtout le casting est prodigieusement riche ; chaque rôle même très secondaire est occupé par des acteurs connus.
Le succès de Adieu ma jolie en 1975, permet à Robert Mitchum de reprendre le rôle de Marlowe qu'il avait si bien tenu précédemment, il ne cherche pas à imiter Bogart mais balance des répliques cyniques savoureuses et impose son charisme face à cette ribambelle de stars. Il résoud assez vite la première énigme relative à son engagement par le vieux général impotent, pour ensuite mettre le nez dans une affaire beaucoup plus corsée, mais l'intrigue est bien construite, chaque élément s'emboite parfaitement, le film est distrayant, c'est un plaisir de voir ce casting alléchant, et Michael Winner en tant qu'Anglais, y injecte une atmosphère particulière, plus british, en gros c'est un remake très honorable qui ne mérite pas d'être ignoré.

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le 27 avr. 2020

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