Une comédie romantique qui part d'une bonne idée mais dont le traitements'essoufle très vite.

Le scénario est en fait assez faible. Il n'y a pas de véritable enjeu. La structure du film se repose principalement sur ce qu'on attend de ce genre romantique: une histoire d'amour et le personnage principal qui se rend compte qu'il doit changer (ici Catherine Zeta Jones en control freak qui apprendre à se tempérer). A part ces à prioris, il n'y a aucun objectif lancé, et pas vraiment d'histoire non plus. Cette femme qui ne vit que pour sa cuisine et qui fuit toute autre investissement, se voit forcée de prendre en charge sa nièce et de faire équipe avec son contraire absolu: un cuistot joyeux qui fonctionne à l'improvisation et au chaos. Les évolutions sont prévisibles, vite abouties et n'iront pas plus loin. Le film aurait pu être un court métrage de 20 minutes.

Toute tentative de conflit est superficiel et désamorcé: souvent les disputes entre Catherine Zeta Jones et la petite Abigail Breslin se résolvent en 5 minutes. Le pire étant lorsque la jeune enfant semble décidée à faire la guerre depuis que l'adulta l'a oubliée devant l'école...la hache est un peu trop vite enterrée après quelques excuses de l'aînée qui lui promet de réaliser un voeux futur...

Le réalisateur mise plus sur l'aspect mélodramatique que sur la véritable construction dramaturgique. Ainsi, plutôt que de montrer des conflits, on voit des gens pleurer ou rire; pire, les dialogues qui auraient pu établir la profondeur des personnages sont ellipsés au profit de scènes en musique illustrant des moments de complicité. On en arrive au point crucial que l'on ne comprend pas l'attachement entre les deux adultes que tout oppose à part l'amour culinaire. Une telle opposition dans leurs idéaux auraient dû rendre plus compliqué leur dépendance l'un envers l'autre; mais la superficialité du film est telle qu'il en ressort qu'être un type sympa et marrant suffit à faire fondre Catherine Zeta Jones (je ne suis pourtant pas sûr que ce soient les qualités premières d'un Michael Douglas). Pareillement, les sentiments de cette tant vis à vis de sa nièce sont plus devinés que ressentis.

La mise en scène et le montage se contentent de suivre le script. C'est bien exécuté, c'est anonyme, on comprend ce qu'il se passe. Le travail sonore est certainement le plus ingrat puisqu'une musique pop fait irruption toutes les 5 minutes, annulant ainsi toute tentative de créer une ambiance sonore propre à ces cuisines infernales. Pire, les thème musicaux semblent un copié collé des plus mémorables de 'Little Miss Sunchine' et passent en boucle durant tout le film. Au moindre instant mélo ou joyeux (il y en a beaucoup) on passe le même morceau. Oui, le même pour ces deux sentiments opposés! C'est un peu comme la musique de Yann Tiersen: trios belles notes qui passent en boucle et qui fonctionne pour n'importe quelle séquence...

Le jeu d'acteur est correct, mais on sent que les comédiens valent plus. Abigail est surtout là pour pleurer, Aaron faire le clown et Catherine faire la moue. Chacun est capable de beaucoup plus mais se voit limité au strict minimum sans doute à cause d'un manque de profondeur psychologique des personnages. Les passages les plus propices à la libération créative étant à chaque fois passés sous forme de clips musicaux insipides.

Quant au discours que porte le film, on ne sait pas trop de quoi ça parle finalement. Tout est tellement abordé avec peu de profondeur que rien n'est crédible. La question de l'éducation semble carrément inadéquate de tout son long. Par exemple, notre héroine reçoit une menace de la part de l'école comme quoi sa nièce se verra mise dans un foyer si elle ne rectifie pas le tir (arriver à l'école à l'heure, ne pas exploiter l'enfant dans ses cuisines, ne pas la laisser veiller tard); après cette remarque/conflit, on ne revoit plus jamais la demoiselle aller à l'école: à la place, elle va dans les marchés, elle fugue, et à la fin elle travaille dans un restau de jour... Ces incohérences révèlent le peu d'intérêt que semble éprouver le scénariste pour sa propre histoire.

Bref une comédie romantique qui aurait pu être bien mieux. Au final ça se regarde sans trop de peine, grâce à une mise en scène pas trop molle, et des passages musicaux qui ont le même effet hypnotique que regarder une chaîne musicale; le scénario, lui, reste affligeant. C'est bien dommage car ce lieu de rencontre est plutôt original, lui, et les thématiques qui sont à peine abordées méritaient qu'on s'y arrête. Une comédie à éviter donc.
Fatpooper
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le 29 janv. 2012

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Fatpooper

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