La critique d'un documentaire est moins subtile que celle d'une fiction. En effet, on analyse généralement beaucoup plus le sujet du documentaire (et la thèse développée) que le traitement. (Combien de talents ont été ainsi ostracisés pour avoir soutenu le négationnisme ou le respirianisme? Aucun?!)

Avec ce documentaire, le thème m'était familier et attractif, alors quand j'ai appris qu'il y aurait des interviewés intéressants : Sergio Martino, Lamberto Bava ou Jean-Baptiste Thoret j'espérai qqch de très bien fait.
Malheureusement le traitement était indigne du sujet.

Déjà une première maladresse a été d'interviewer des réalisateurs de ce genre sans mentionner le moindre de leur film. Ainsi Lamberto Bava n'était là que pour parler superficiellement de son père (30s de présence) alors que Luigi Cozzi servait juste d'historien du genre comme dans tant d'autres interviews.
Ensuite les citations sont assez brouillonnes. Certains films peu connus comme La sorelle d'Ursula sont mentionnés, alors que ceux d'Umberto Lenzi, de Lucio Fulci ou d'Aldo Lado brillent par leur quasi absence.
Le documentaire préfère se consacrer à trois figures du giallo : le héros, la femme et l'assassin. Ainsi nous avons droit à une théorisation d'archétypes pas inintéressante mais trop peu approfondie pour l'amateur et peu convaincante pour un novice (qui s'imaginera que ce genre est rempli de clichés). Le montage s'intéresse surtout au côté érotique de ces films : les extraits et captures d'écran de femmes dénudées pullulent, ce qui laisse à penser que ce documentaire est plus racoleur que didactique.
On peut aussi noter qu'à aucun moment la musique de ces films n'est évoquée pas plus que la photographie, les mouvements de caméra baroques ou les rapports avec le western spaghetti.

Mais c'est la fin qui est la plus pénible. Le documentaire parle des gialli de la fin des années 70 plus racoleurs et outrés, et pour l'illustrer nous montre des extraits de Buio Omega et Cannibal Holocaust! C'est un peu comme si je mettais du porno dans un documentaire sur les comédies romantiques.
Enfin il est question de la "mort" du cinéma de genre en Italie, suite à l'invasion de la télévision. Mais cet aspect est peu mis en valeur : juste mentionné dans Ténèbres de Dario Argento. Le réalisateur aurait pu parler de ces réalisateurs qui ont dû tourner des "gialli" pour la télévision dans les années 80 mais visiblement des captures d'écran de femmes nues l'intéressait sans doute plus. La fin est abrupte : pour ce film le genre est mort avec Phenomena d'Argento en 1985, choix arbitraire et très limité, presque inexplicable.

Donc, si vous aimez le giallo ce documentaire sera arbitraire et peu approfondi. Si vous n'avez pas ou peu entendu parler du giallo, ce n'est pas ce film qui vous donnera envie d'en regarder. Alors je ne sais pas à qui je peux le recommander. Bon je vais écrire que c'est sympa que ce thème soit abordé à la télé française. (Ah c'est fait!)
Jibest
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le 28 sept. 2014

Modifiée

le 6 oct. 2014

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