Curieux film que ce Flingueur qui coche toutes les cases de la série B mais qui tente de jouer le niveau supérieur. Une ambition qui se remarque d’entrée avec un quart d’heure sans dialogue puis qui se retrouve tout au long du film par les liens ambigus qu’entretiennent le flingueur (Bronson) et son élève (J-M. Vincent). Deux générations qui ne semblent pas en phase avec le monde qui les entoure et qui font le choix d’une vie matérialiste au cœur d’un quotidien qu’ils ont fini par mépriser en raison de leur père.
On ne peut pas reprocher à Michaël Winner de n’avoir rien à dire dans ce film. Il y a vraiment un propos et, au final, le film renvoie tout le monde dos à dos. Cependant il est compliqué de tenir debout sur le fil d’un film presque philosophique à force de montrer des figures amorales, mais où on attend forcément de l’action. Il y en a bien (une petite poursuite en moto, quelques explosions) mais la démonstration (lourdement appuyée) de la vacuité humaine est telle qu’il reste peu de place pour montrer autre chose. L’amateur du film d’action est donc déçu (bon sang, Bronson en figure paternelle avec sa pipe, son pyjama et sa robe de chambre) et le spectateur plus exigeant trouvera l’ensemble bien schématique pour être convaincu par le propos.
On ne s’ennuie pas mais le film n’est pas très équilibré. Il y perd en cohérence et ne convainc pas sur la longueur. Les métaphores sont noyées dans les clichés et le film aurait sûrement gagné à être moins bavard. Davantage d’action ne l’aurait pas rendu plus bas du front, il aurait même permis de donner plus de tension dramatique entre le maître et l’élève. C’est le sujet du film mais Winner préfère les faire parler qu’agir. Dommage.