Cette série B, qui a les fesses posées entre le western et le film d’aventure, bénéficie, avant tout, de remarquables paysages. Outre la descente des rapides du Colorado (qu’on retrouvera des années plus tard dans La Rivière sauvage), le début du film aux abords du fort s’appuie sur un magnifique cadre. Filmées avec intelligence, les premières scènes donnent le ton du film. Alternant plans larges sur les paysages et plans serrés sur les personnages, le réalisateur annonce cette lutte entre l’homme, les éléments naturels, les ennemis cachés dans cette immensité et la lutte entre les hommes eux-mêmes.


Si le groupe qui tentera de s’enfuir par le fleuve n’est pas encore constitué, les thématiques sont subtilement posées même si elles se révèleront plus complexes lorsque débutera le périple. Autant le dire de suite, ce film de série est un film intelligent. On y trouve certes de l’action, mais on y trouve surtout une étude de caractères qui n’est pas courante. L’équipée, traquée par les Indiens et mise à l’épreuve par un fleuve capricieux, sera surtout victime de ses propres composantes lors de la descente. Entre l’intelligence de ce choix de narration et de ses décors naturels, on a parfois l’impression de ne pas être dans une série B.


C’est finalement le tempérament caricatural de chacun des personnages, le manque de profondeur de chacun d’eux et la faiblesse relative des péripéties qui, peu à peu, refont descendre le spectateur sur terre (bien plus que les transparences aussi peu heureuses que dans Rivière sans retour tourné l’année précédente). La dernière ligne droite du film le fait également tomber de deux étages. Les choix scénaristiques ne sont guère convaincants (les Indiens disparaissent, le fleuve est contourné, les personnages s’enfoncent dans la caricature) et le final est bêtement expédié. C’est dommage car sans beaucoup d’autres moyens supplémentaires, la matière était là pour signer une grande série B.


Sympathique, divertissante, mais, au final, convenue, à l’image de ses interprètes (on a connu Dana Andrews plus convaincant), elle se contente de remplir son contrat.

Play-It-Again-Seb
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le 25 févr. 2021

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