Saul est un sonderkomando, en d'autres termes un juif qui est forcé par les nazis de participer directement à la shoah. Le personnage principal semble d'abord efficace dans son travail, sans vraiment de conscience ni de remord vis à vis de ces "pièces". Jusqu'au moment où Saul trouve parmis les dites "pièces" le cadavre d'un enfant qui, nous pourrions le penser au premier abord, serait celui de son fils. C'est alors qu'une odyssée est lancée dans laquelle Saul cherchera par tous les moyens d'enterrer dans les règles de la religion juives ce corps d'enfant.
Cet enfant dont, par ailleurs, nous ne verrons jamais très clairement le visage tout comme le reste des cadavres. En effet, le réalisateur a fait le choix de ne pas se focaliser sur les individus qui subissent le génocide mais plutôt sur ceux qui sont forcés de le mettre en pratique. Victimes, eux aussi.
Saul, qui ne parle que très peu, est un personnage presque métaphorique, qui est là sans l'être vraiment. A mon sens, l'enfant qu'il trouve est également métaphorique. Il représente sin innocence, son âme ( à rapprocher de "Soul"--> "âme" en anglais ?). En effet, je pense que c'est en quelque sorte l'enfant qui est en lui, celui qui est mort suite à ce qu'il a vu dans les camps que Le personnage principal tente de sauver désespéramment.
Nous suivons donc un personnage qui se sait mort mais qui dans un dernier élan voudra sauver son âme. Cela deviendra Sa priorité, bien plus que de vouloir s'enfuir. Dans ce sens, c'est un homme très clairvoyant sur son avenir et celui des autres sonderkomandos que nous voyons évoluer.
Pour revenir sur l'importance métaphorique de l'enfant, il suffit, Attention Spoiler, de penser à nouveau à la fin du film. Saul finit par retrouver le sourire, et donc la paix, en voyant le visage d'un enfant, vivant cette fois, alors que celui-ci nous fait comprendre la fin inexorable du personnage et de ses compagnons. Lorsque nous voyons l'enfant s'enfuir dans la forêt au son de l'exécution des hommes qu'il vient de voir, ce n'est pas un simple enfant qui fuit face à l'horreur. C'est l'âme et l'innocence de Saul qui retrouvent leur liberté, qui s'échappent de la terreur. Saul a finalement réussi à se sauver. En fin de compte, Saul est le cadavre de l'enfant depuis le début.

Ciramor
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Parce que je n'ai pas aimé que 10 films.

Créée

le 9 nov. 2015

Critique lue 492 fois

4 j'aime

Ciramor

Écrit par

Critique lue 492 fois

4

D'autres avis sur Le Fils de Saul

Le Fils de Saul
guyness
5

Exercice d'hostile

Le premier quart d'heure est terrassant de puissance. La façon qu'à László Nemes de suivre Saul à hauteur d'épaule est aussi redoutable qu'efficace. D'abord parce que cela oblige le spectateur à...

le 20 nov. 2015

68 j'aime

11

Le Fils de Saul
Shania_Wolf
5

Saul Madness Returns : Les Coulisses de la Mort

Je suis presque honteuse au moment de reconnaître qu’un film d’une telle force m’a laissée de marbre. Et cette culpabilité même rajoute à mon antipathie. Car si ce film sait par instants se montrer...

le 4 nov. 2015

60 j'aime

11

Le Fils de Saul
Strangelove
6

Better Call Saul

Saul est un exploité dans le camp d'Auschwitz comme il en existe des centaines d'autres. Il dirige les juifs depuis les trains jusque dans les douches avant de récupérer les cadavres et les amener...

le 13 nov. 2015

59 j'aime

18

Du même critique

Le Fils de Saul
Ciramor
9

Saul, Le fils.

Saul est un sonderkomando, en d'autres termes un juif qui est forcé par les nazis de participer directement à la shoah. Le personnage principal semble d'abord efficace dans son travail, sans vraiment...

le 9 nov. 2015

4 j'aime

Femme sur canapé rouge
Ciramor
8

Talent sur ipad noir.

Femme sur canapé rouge est un film empli de grâce et de bonne intention malgré son amateurisme qu'on ne peut reprocher à son auteur. Une poésie à la fois passive et très séduisante se dégage de ces...

le 2 mai 2015

4 j'aime