Le Fils de la jument blanche
7.7
Le Fils de la jument blanche

Long-métrage d'animation de Marcell Jankovics (1981)

"Cinéma hongrois des années 80", il y a de quoi prendre peur. Et pourtant, Le Fils de la jument blanche est un dessin-animé d'une incroyable vitalité, d'une puissante originalité et d'un psychédélisme teinté de symbolisme hypnotisant. C'est en tous cas le dosage adéquat en ce qui me concerne, le mélange subtil d'effervescence et de pragmatisme qui permet des envolées dans un imaginaire vigoureux sans pour autant donner l'impression d'être irrémédiablement paumé dans un univers auquel on ne comprend rien. Non pas qu'il n'y ait aucune zone d'ombre : de nombreuses séquences / explosions graphiques ne trouvent pas toujours de sens quand on n'est pas connaisseur de cette mythologie-là. À aucun moment cette distance avec le récit ne s'accompagne d'un quelconque désagrément : la plongée dans cet univers fou est très agréable du début à la fin.


C'est un film d'animation qu'on a envie de recommander à tous ceux qui cherchent quelque chose en dehors des sentiers battus et des grands studios de production dans ce registre. Marcell Jankovics embrasse une fable fantastique qui sait rayonner dans de multiples directions, tour à tour sombre et lumineux, parfois très lisible (au sens où la narration est parfaitement intelligible, à l'image d'un dessin animé classique) et d'autres fois complètement psychédélique au point de tendre vers l'abstraction la plus pure. Le cadre est très clair : une jument blanche donne naissance à trois enfants qui devront affronter trois dragons (qui n'ont pas vraiment l'apparence à laquelle on peut s'attendre d'un point de vue occidental) et délivrer trois princesses perdues dans un enfer. Le cadre ressemble à un Moyen Âge sous ecstasy, avec une imagerie très hypnotique, une ambiance prenante et des décors étranges. Le trait et la couleur sont d'ailleurs très singuliers.


Soit le périple de Treeshaker, Stonecrumbler et Ironrubber, trois demi-dieux lancés dans une quête mêlant poésie et métaphore avec beaucoup d'onctuosité, en alternant les passages de narration (presque) simple avec des moments ouvertement symboliques sur le thème de la sexualité, de la maternité, de l'affrontement, etc. Certains personnages antagonistes ont des airs presque cubistes là où d'autres semblent sortir d'un folklore hongrois à découvrir, sur une route jalonnée de détails mythologiques, paradis et enfer, démons maléfiques, cycles naturels, épreuves... Tout n'est pas directement et facilement interprétable mais le voyage est saisissant.


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Morrinson
7
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le 30 juin 2021

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Morrinson

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