Malgré ce que laisse penser la traduction française du titre, ce film n'a rien à voir avec le fameux texte de Rousseau. Ce film c'est La Vie d'Adèle de Kechiche en version pd allemands des années 70. Bien évidemment, les deux mises en scène n'ont rien à voir et c'est ce dont je vais essayer humblement de parler.


Comme toujours Fassbinder sert ses mélodrames avec des plans très pensés. Toutes ses figures de style habituelles y passent : profondeur de champ pour symboliser la distance des personnages, reflet des miroirs pour représenter le malaise, l'impression de ne pas jouer le rôle qui nous correspond. C'est véritablement la thématique principale du film. Etre riche ce n'est pas qu'une question d'argent et même en étant homosexuel, Fox n'est finalement pas proche de ces bourgeois. Après tout, qui se ressemble s'assemble. C'est d'ailleurs annoncé dès le début dans une des premières scènes du film où Fox, courant après son ticket de loterie, se fait humilier par des bourgeois, humilier par le cadrage.


Mais tout au long du film, on voit bien que les personnages veulent s'aimer au-delà de leurs différences. Ou peut-être veulent-ils simplement aimer être aimé. Toujours est-il que malgré les intempéries, ils se rassurent, font des efforts chacun de leurs cotés pour pouvoir s'aimer. C'est très sincère. Mais rien à faire. La société et les conventions sont trop forts. Ce voyage en Maroc aurait pu être une bonne idée mais ils transportent avec eux le poids des différences sociales.


Impossible de ne pas être ému devant cette scène finale aussi pitoyable que sublime. Cela est bien sûr permis par la façon de filmer qui à chaque fois filme à hauteur d'hommes, laisse durer les plans pour faire exister les personnages dans leurs émois et leurs hésitations.

Vanbach
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le 7 mai 2020

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