Dès le début du film, on se rend compte que Le drive in de l'enfer ne sait pas où il va. Il aligne des tonnes de trucs différents, allant de la référence cinéphile politique (l'affiche de "Rambo takes Russia") et les punks des années 80, la culture cinébeauf du drive in et bien sûr, des tas de scènes de bagnoles qui finissent plus ou moins démolies dans des gerbes d'étincelles (il est très important qu'il y ait des étincelles pour le réalisateur, toutes les scènes d'action en sont remplies, et j'avoue que sur le blu ray, la qualité rend le résultat assez joli). Mais le film continue quand même à faire n'importe quoi, nous montrant un flash info parlant de pillages de grande ampleur pendant que le héros mange des spaghettis en parlant de ses muscles, et enchainant sans transition avec le métier du beau père du héros, qui consiste à récupérer des épaves de voitures en se battant contre ses autres ferailleurs concurrants et les gangs de punks qui viennent piquer des pièces, pendant que les médias viennent filmer des agonisants en gros plan. Bienvenue dans le drive in de l'enfer !


Pour être franc, on ne sait pas trop quoi en penser quand ça commence. Car si c'est le bazar généralisé et que le scénariste tire sur le joint, on a vu émerger de cette catégorie de films punks des années 80 une série de films intéressants (les guerriers de la nuit, class of 1984 (et sa suite XD)...). On est donc tenté d'espérer, jusqu'à ce que le film commence réellement, à savoir que notre héros et sa copine se retrouvent bloqué dans le drive in... parce qu'on leur a piqué deux roues. Mais bon, comme le drive in fait des prix spécial chômeurs, ça peut le faire. Puis il se rend compte que l'ensemble du drive in est entouré de clôtures et qu'il est impossible d'en sortir. Parce que le gouvernement veut stocker les indésirables et les parquer dans des périmètres surveillés par une police ultra répressive et corrompue qui gère le marché noir (essentiellement de la beu). On voit très bien en quoi le film pourrait être intéressant et social, mais il s'y prend d'une façon tellement bourrine qu'on ne passe jamais du côté de la métaphore. C'est trop grossier pour qu'on accepte de voir tous ces beaufs rester parqués sans demander rien d'autre que de la bière et des joints, qui ne développent aucune sorte de société à part entière, sinon pour commencer à aller dans les extrêmes quand le nombre d'arrivants (essentiellement asiatiques) augmente sans que es rations suivent. Les rednecks du drive in disent tous être attachés à l'endroit sans que le film ne caractérise jamais cet attachement, il n'y a aucune forme d'exploitation claire des gens maintenu dans ces parcs humains, et l'univers cherche trop à étaler ses références aux années 80 pour croire sérieusement en ce qu'il raconte. Le futur sombre, tout ça... C'est des conneries pour que le spectateur entre dans la salle ou achète la VHS. Car l'essentiel, et la dernière demie-heure du film le confirmera, c'est de voir des bagnoles s'entrechoquer dans des gerbes de flammes et d'étincelles.


Echec manifeste donc, le drive in de l'enfer passe par un tunnel de milieu assez ennuyeux où les tentatives de social-bidonville sont contrebalancées par la bêtise crasse et la basicité de l'écriture. Le héros est un punk pas plus développé que ses congénères, mais qui a au moins l'aspiration de liberté qui apporte un peu de fraîcheur (et surtout des plans magnifiques, à l'image de ce magnifique générique de début qui submerge de couleurs saturées et promet une direction artistique plaisante). Pour le reste, cette série B a mérité l'oubli dans lequel elle est tombée, mais qu'un remake pourrait sublimer. Hélas, on devine que le film a été conçu comme un tir de sniper dans un créneau pour lequel il y avait un public à l'époque, et qu'on ne pourrait plus faire ainsi aujourd'hui. On ne fait plus de films qui ne suivent pas de route claire, à l'image de celui ci qui tourne beaucoup en rond, mais dont la facture technique et une indéniable générosité créent un univers amusant. Une petite curiosité.

Voracinéphile
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le 23 juil. 2017

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Voracinéphile

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