Portrait de l'Amérique profonde

J'ai, comme d'habitude, beaucoup de mal avec les productions cinématographiques Netflix. Celle-ci, réalisée par Antonio Campos et sortie en 2020, n'est de nouveau pas vraiment à mon goût. Production qui a pourtant beaucoup fait parler d'elle, notamment grâce à son énorme casting et à sa bande annonce plutôt intrigante. Même si je précise tout de même que le synopsis ne me tentait pas vraiment à la base, j'ai tout de même voulu me lancer dans l'aventure afin de voir ce que ça donnait, surtout qu'il a de bonnes critiques, à la fois presse et spectateurs. Mais malheureusement, je me suis retrouvé plongé dans un univers qui ne me ressemble et ne m'intéresse pas du tout. Néanmoins, ma note reste tout à fait objective car si j'avais vraiment voulu être honnête envers moi-même, elle aurait été bien plus basse, mais le film possède des qualités que je ne peux réfuter. Tout d'abord, l'ambiance est excellente, on ne peut pas enlever ça au film, elle contribue énormément à cette histoire sombre et poisseuse. Je n'ai d'ailleurs pas lu le roman éponyme de Donald Ray Pollock et je ne pourrai ainsi pas le comparer au film. Pour en revenir à ce dernier, je trouve également que l'histoire est plutôt bien ficelée. Nous avons pourtant énormément de mal à nous mettre dedans car elle part dans tous les sens mais nous nous apercevrons que ce sont des personnages dont les destins se rencontrent à un moment ou un autre (ceci n'est d'ailleurs pas du spoil). Néanmoins, je trouve que ce n'est pas très bien mis en place, nous avons tout d'abord la voix off qui nous donne une tonne d'informations à la minute, une tonne de personnages (c'est difficile de tout retenir au début du film) et puis le film s'amuse ensuite à déplacer son intrigue dans l'espace et dans le temps. Il faut donc être bien accroché afin de ne pas perdre le fil ! Que l'intrigue soit très lente n'est pas vraiment un problème ici puisque cela participe à l'ambiance un peu glauque mais ce n'est pas ce qui va nous aider à accrocher à l'histoire en tout cas. Bref, c'est très bien de vouloir faire une histoire très violente qui questionne ce genre de zones rurales américaines tout en émettant une critique du fanatisme religieux. Mais où cela nous mène-t-il finalement ? Ce que je regrette énormément, c'est que le film prépare tellement le terrain avec son ambiance oppressante, ses personnages tantôt héroïques, tantôt déséquilibrés que nous n'avons pas de fin aboutie, pas de morale. Quel est le but du film finalement ? On a l'impression que le film s'arrête en cours de route (et pourtant, qu'est-ce qu'il est long !) et nous laisse en plan avec cette violence qu'on nous a balancé à la tronche pendant deux heures. Violence d'ailleurs quelques fois un peu gratuite, mais ça c'est souvent le problème avec les américains, quand ils ne sont pas ultra-prudes, ils sont ultra-violents. Parce-que quand même, le personnage principal n'a vraiment pas de bol, je trouve le tout très poussif, cela n'en devient même plus crédible tellement il lui arrive de tuiles. Enfin bon, pour en revenir sur les points positifs, la mise en scène est très bonne et les acteurs sont tous excellents avec des accents et des gestuelles travaillées. "Le Diable, tout le temps" est donc un film que je n'ai pas réussi à comprendre je pense et qui possède de toute manière, enfin à mon sens, de grosses lacunes un peu camouflées par le casting cinq étoiles et l'ambiance travaillée.