L’un des chapitres les plus forts et les plus funestes à la fois du roman “Dracula” de Bram Stocker, à savoir “The Captain’s Log” va nous être narré pour les besoins du long-métrage “The Last Voyage of the Demeter” du norvégien André Øvredal (“Troll Hunter”). Le navire marchand russe Demeter accompagné de sa mystérieuse cargaison quittent la Transylvanie depuis le port de Varna pour rejoindre l’Angleterre, plus précisément le comté de Whitby où les ruines de l’abbaye de Carfax viennent d'être acquises par un certain comte Dracula. Quelques semaines plus tard, un navire fantôme s’échoue sur les plages des Cornouailles.
Seul le livre de bord du capitaine est retrouvé. Au travers des pages manuscrites, nous remontons le fil des tragiques événements de la traversée !
Pour l’heure, c’est le branle-bas de combat sur le quai du petit port des Carpathes roumaines lorsque le navire Demeter battant pavillon russe doit embarquer des dizaines de caisses en bois avant de fendre les eaux. L’équipage étant restreint, le capitaine Elliot (Liam Cunningham) fait embaucher par Wojchek (David Dastmalchian), son second, trois marins supplémentaires. Grâce ou plutôt à cause d’un concours de circonstances qui aurait pu virer au drame, un certain Clemens (Corey Hawkins), un jeune médecin d’origine africaine - caution “Woke” du film, évidemment, le personnage n’existe pas dans les écrits de Stocker, qu’importe, car l’acteur est impeccable - fera partie du voyage. D’emblée, dans l’imaginaire collectif et les superstitions de cette région reculée d’Europe de l’est, le blason en forme de dragon gravé sur l’une des caisses, marquera le navire du sceau d’une malédiction, permettant au film de se muer lentement mais sûrement en un angoissant huis clos maritime aux accents baroques et à l’ambiance suffocante. Une dernière visite du Demeter par l’entremise du jeune Toby (Woody Norman), le petit-fils du capitaine, prolongera la quiétude toute relative de l’instant, avant la tempête qui s’annonce. Car sitôt embarqué, le malaise s’installe dans les coursives et les couloirs étroits, lorsque la première nuit, une ombre filiforme fait son apparition dans la soute du navire. Le spectateur qui, au préalable, a eu le temps de se familiariser avec l’équipage, ne peut que trembler face aux assauts du prince de la nuit. Dès lors, “The Last Voyage of the Demeter” a - là où tant de productions ont échoué - réussi le pari de l’empathie envers l’ensemble des personnages. Porté par son excellent casting, le récit n’a plus qu’à délayer avec parcimonie son insoutenable suspense. Le réalisateur norvégien - à la manière de “The Autopsie of Jane Doe” en 2016 - s'empare avec talent de l’unité de lieu confinée qui devient l’un des protagonistes principaux de ce qui est certainement le film d’épouvante le plus abouti du moment (avis perso) !