Un duo malsain au sommet pour un western psychologique redoutable



  • Bureau du gouvernement - Phoenix, Arizona :
    Le film que vous allez voir retrace le plus fidèlement possible les faits concernant cette situation peu ordinaire, comme cela est reporté dans les archives et les légendes de l'État de l'Arizona.
    Le Gouverneur de l'Arizona.



Le Démon de l'or réalisé par S. Sylvan Simon est un film noir sauce far west très étonnant, doté d'un scénario qui s’inspire d’une soit disante histoire vraie autour de chercheurs d'or qui se sont vainement attaqués à la Montagne de la superstition pour découvrir « la mine du hollandais perdu ». On suit les pérégrinations de Barry Storm (William Prince), qui nous narre son extraordinaire expédition à la recherche du trésor de son grand-père Jacob Dutch Walz (Glenn Ford). Un formidable butin perdu depuis des décennies, devenu une légende servant de terrain de chasse fabuleux à des aventuriers en herbe qui se retrouvent assassinées par les dangers naturels du massif, ainsi que par un mystérieux meurtrier. Un périple animé par Barry Storm qui avec un amusant talent d'orateur nous compte le passif de ce récit, nous renvoyant plus de 50 ans en arrière au côté de son grand-père dans un flashback devenant le récit principal de cette folie noire.


Amateur de grandes chevauchées et d'action grandiloquente à la recherche de généreuses fusillades par le biais d’actes héroïques, cette œuvre n'est clairement pas faite pour vous. Néanmoins, je ne saurais trop vous conseiller de tenter l'expérience grâce à l'originalité de sa démonstration peu habituelle pour le genre.
Le Démon de l'or se présente comme un western dans lequel la psychologie punitive prime sur l'action pour offrir un spectacle d'une maturité déroutante, se positionnant comme un véritable réquisitoire contre le démon de l'or. Une satire stigmatisant cette soif excessive de l'or capable de tout acheter et de susciter les pires folies et les pires bassesses. Un sujet puissant de par son austérité et sa radicalité révélant un processus de contamination putride absolue, auquel aucun protagoniste composant cette sombre toile westernienne ne réchappe.


Glenn Ford sous les traits de Jacob Dutch Walz est stupéfiant. Un salopard de première impitoyable animé des pires vices qui à aucun moment ne laisse transparaître un doute sur son implacable et accablante attitude. Une incarnation sublimement portée à laquelle la comédienne Ida Lupino en tant que Julia Thomas, répond par une malveillance déroutante. Un duo fulgurant, agressif, acide et cynique qui s'égalisent d’abjections et d'âpreté, offrant une confrontation mélodraperfidique aboutissant sur une rencontre finale impitoyable et sadique, où le spectateur ne cesse de se demander qui aura le mot de la fin. Le tueur que rien ne peut faire fléchir, ou la veuve noire manipulatrice ? À moins que cela ne soit Dieu, qui devant la pièce abjecte et méprisable se jouant devant ses yeux finissent par intervenir à travers une sentence divine à laquelle personne ne peut se soustraire, pas même l'or. Un spectacle d'une noirceur dramatique spectaculaire.


Techniquement, le long-métrage de Simon est de qualité. Se déroulant à travers une colorisation savamment contrastée en noir et blanc qui rend une image suffisamment contrastée pour rendre justice à la teneur morbide de ce spectacle. Une image appuyée par une superbe photographie et une mise en scène qui fait fort en déroulant un nombre de plans en contreplonger particulièrement efficace. Des décors montagneux et arides de la Montagne de la superstition, avec ses amas de rochers sur 65 km de long par 33 de large intelligemment exploités, offrant un climax inquiétant où règne un suspense débordant alimenté par une inquiétante composition musicale. Quelques séquences restent en tête, entre un combat aux poings particulièrement percutant en bordure de falaises abruptes, une attaque indienne étonnamment violente, et une conclusion sismique aussi tortueuse que contagieuse entre Ford et Lupino.



CONCLUSION :



Le Démon de l'or, du cinéaste S. Sylvan Simon, est un western noir incisif modulé telle une satire radicale autour de l'or et de ses effets néfastes sur le genre humain. Glenn Ford et Ida Lupino forment un couple de comédiens spectaculaires, offrant un échantillon d’inhumanité convaincant, à travers une confrontation idéologique malveillante faisant office de moteur principal à un récit à la narration divertissante qui n'oublie pas de nourrir sa quête au trésor de « la mine du hollandais perdu ».


Un western psychologique noir redoutable.




  • Lorsque le démon de l'or vous tient, il vous tient bien. La peur s'évanouit, la prudence s'envole. Rien ne compte, seul subsiste dans notre esprit qu'un amas d'or scintillant.


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le 27 avr. 2022

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