Le Crime est notre affaire par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans leur superbe propriété sur les rives du lac du Bourget, la vie n'est pas enthousiasmante pour Prudence Beresford car son époux Bélisaire a pris sa retraite et s'occupe de ses petites affaires, délaissant quelque peu sa femme. Sa vie alors manquant de fantaisie, l'ennui la gagne sérieusement. Son imagination vagabonde, elle aimerait tant enquêter sur des crimes mais ce n'est qu'un rêve impossible! Pourtant cela ne pourrait-il pas devenir réalité lorsque sa tante Babette venant tout droit de Belgique pour leur rendre visite assiste à ce qui lui semble être un meurtre de jeune femme dans le train qui vient de croiser le sien? Pour Prudence cette vision est une véritable aubaine car elle va enfin pouvoir enquêter sur un crime malgré les réticences de son mari. Non loin de l'endroit présumé du drame se dresse une grande maison bourgeoise à l'allure sinistre. A en croire les gens des alentours, les propriétaires habitant ces lieux sont loin de passer pour des plaisantins. Qu'à cela ne tienne. Prudence se fait engager comme cuisinière avec l'intention première de mener son enquête entraînant par la force des choses Bélisaire dans une aventure pleine de surprise dans un milieu aussi cynique qu'inquiétant...

La beauté de la demeure dans laquelle vivent Prudence et Belisaire ne donne pas pour autant la joie de vivre à Prudence. La voici, à la suite d'un étonnant hasard, projetée dans un vieux et intrigant manoir au sein duquel les occupants forment un cercle familial tout à fait particulier. Dans l'ombre de Roderick Charpentier,un vieillard despote, tyrannique et roublard, vivent sa fille et ses trois fils tous quatre concernés par un très bel héritage et pour lequel ils s'entre-déchirent. Deux adolescentes insouciantes et rigolotes gravitent autour de Prudence qu'elles surnomment "Mary Poppins". Une femme de maison essaie comme elle peut d'entretenir l'intérieur en compagnie d'un jardinier, pour le parc, aussi inquiétant que le reste. Le médecin de famille est également un habitué des lieux et s'occupe avec beaucoup de professionnalisme de la santé du père et également de sa fille... qui va très bien. Le décor est donc planté pour l'arrivée de Prudence s'improvisant cuisinière de métier pendant que son mari se rend à une réunion regroupant des compatriotes écossais. Notre détective amateur bientôt rejointe par Bélisaire accompagné d'un inspecteur découvre des indices suspects dans cette demeure à commencer par un musée privé dans lequel trône un intrigant sarcophage. Pour Prudence le cadavre du corps de la jeune femme du train, s'il existe, ne peut se trouver que dans les parages de cette propriété ou à l'intérieur, qui sait... Du côté des occupants des lieux, aucun problème pour les enquêteurs: ils sont tous suspects! Il est vrai qu'en raison des motivations douteuses des uns et des autres, il convient de se méfier de tout le monde. Qu'importe, l'enquête continue car le puzzle de ce crime dont la tante Babette assure qu'il ne s'agit pas d'un rêve doit être reconstitué au plus vite, foi de Prudence !

Après "Mon petit doigt m'a dit", Pascal Thomas se lance à nouveau dans l'adaptation d'un roman d'Agatha Christie. Le climat, cher à l'écrivain, est bien reconstitué, parsemé d'un peu d'humour british avec un zeste de frayeur et une bonne dose de suspens. L'ennui, c'est que cette oeuvre ressemble vraiment au film cité ci-dessus et que par moment des impressions de déjà vu nous envahissent. Cela dit, sans être extraordinaire ce film est tout de même assez distrayant et Pascal Thomas démontre à nouveau qu'il est un très bon réalisateur. Néanmoins gare aux répétitions car ce genre de comédie policière interprétée par son couple d'acteurs fétiches peut finir par lasser les spectateurs en raison de leur ressemblance! Dans cette affaire, les comédiens jouent le jeu à fond dans une nature sauvage et enneigée avec Catherine Frot qui ne risque pas de se louper puisqu'elle tient le même rôle d'enquêtrice d'occasion et cela lui va fort bien! Même réflexion pour André Dussollier moins empêtré dans son enquête que dans son kilt "indiscipliné". En vieillard râleur, pingre et roublard, Claude Rich est merveilleux dans un rôle totalement inattendu pour lui. La surprise vient également de l'apparition tonique d'Annie Cordy en chasseuse de papillon passionnée.

Je vous conseille donc, si le coeur vous en dit, à venir assister au second tome des tribulations de nos deux détectives amateurs. Sans pénétrer dans le domaine des oeuvres inoubliables, au moins vous ne verrez pas le temps passer. Encore un conseil, ne loupez pas la scène finale... C'est tout!