La vie que t'as choisie n'est peut-être pas la bonne

Le jeune prodige revient en ce beau mois de décembre avec un film d'action dystopique simplement intitulé « Le Choix ». Cette sortie se fait aux dépens de Spielberg qui a sorti son remake de West Side Story et qui suscite en moi un intérêt proche de 0, heureusement Maël Lamétairie est là pour sauver cette semaine qui signe une défaite pour le cinéma dont Les Tuche 4 est un des principaux responsables. Enfin, la réelle sortie n'est pas cette semaine, j'ai eu la chance d’assister à une avant-première en présence de l'équipe du film (et en présence d'un goûter, pour me corrompre je pense) suivie de la projection d'un making-of et de la distribution de l'affiche bientôt autographiée qui disons-le honnêtement est plus belle que certaines affiches de Spider Man : No Way Home (je pleure). En bon ami que je suis, je rédige cette critique pour promouvoir ce nouveau chef-d’œuvre qui sera accessible au public dans 2 semaines.

L'attente était tout de même un minimum importante puisque le précédent, L'ironie, s'était révélé divertissant et réussi, notamment sur les décors ou l'action. J'avais eu écho du pitch en septembre et déjà l'intérêt voyait le jour puis la bande-annonce est arrivée et le film s'annonçait généreux en action et cette histoire de milice et de révolutionnaires me rappelait à mon plus grand plaisir The Last of Us (je sais que ce n'est pas une inspiration parce que le réalisateur n'y a pas joué:/). Les promesses ont-elles été tenues ? Force est de constater que oui. Fusillades, explosions, corps-à-corps la majeure partie du film est constituée de séquences d'action plutôt réussies. A l'instar de L'ironie, les effets, sonores et visuels, lors des fusillades sont convaincants notamment grâce à une bonne interaction avec l'environnement, les explosions un peu moins même si ça fait largement le job. L'important c'est que tout est fluide et globalement lisible, bien qu'il me semble avoir eu quelques soucis de compréhension à quelques moments. Mais ce qui m'intéresse le plus dans l'action c'est le corps-à-corps et on a droit ici à un duel opposant le protagoniste et l'antagoniste (logique j'ai envie de dire) qui selon les dires du réalisateur s'inspire des chorégraphies de Matrix et de John Wick 2. Bon évidemment la séquence n'atteint pas la maestria de ces deux œuvres mais tout le monde n'a pas la chance d'être entouré d'une large équipe de cascadeurs professionnels et de plus la scène s'en sort quand même avec les honneurs. J'ai bien aimé les effusions de sang, c'est dommage de ne pas en avoir pour les coups de couteaux ou au moins un bruitage. Pour ce qui est de la réalisation en dehors des scènes d'action c'est carré aussi, les plans larges sur les paysages sont plutôt jolis (peut-être qu'ils l'auraient été davantage avec un vrai drone), la séquence du feu de camp, tournée de jour a été suffisamment travaillé en post-production pour que la nuit et le feu soient crédibles, l'utilisation du stock shot de la roue du train est bien vue, l'étalonnage est minutieux, bref comme dirait un autre génie « ah bah c'est du propre » malgré quelques ralentissements mais je ne sais pas si ça vient du film en lui-même ou du matériel de projection.

Si sur une question formelle le film est attrayant, l'intrigue se révèle elle aussi intéressante. Les dystopies m'ont toujours intéressé, le deuxième opus de Terminator figure dans mon top 10 films, The Last of Us compte parmi mes jeux vidéos favoris et celle-ci ne fait pas exception à la règle. Le message est clair, le métrage met en valeur l'importance des choix, leurs répercussions à travers deux adolescents qui se retrouvent face au dilemme d'aller sauver leurs amis et tuer des miliciens ou tracer sa route pour rester en vie. Malgré un déroulement qui se suit sans problèmes, les fameux choix manquent de profondeur à mon sens, certains dialogues sont clichés et je trouve l'ambiance globale pas assez dystopique justement, idée renforcée par l'happy end. Ceci étant quand on y réfléchit le film est assez viscéral en raison des nombreux morts, ça vire limite au massacre et ça c'est appréciable. C'est très manichéen, comme le film qu'il cite (Star Wars) mais ça ne me dérange pas d'autant plus que le méchant a un certain style...malheureusement je n'ai pas accroché à l'aspect fantastique qu'il apporte. Afin d'apporter un poil plus de profondeur, le cinéaste s'est essayé à la métaphore, qu'on retrouve également sur l'affiche, la métaphore des échecs. L'action du film est entrecoupée d'une partie d'échecs entre le méchant et je ne sais quel personnage : ça représente évidemment l'importance d'un choix et le fait que les révolutionnaires ne sont que des pions dans cette société. Mais ceci offre également une réflexion méta, je ne sais pas si elle était voulue, tous les personnages du film sont en réalité manipulés par le(s) scénariste(s)...
Parlons quand même des points négatifs purs car il y en, ils ne sont pas forcément gênants mais ils sont là. Le premier se remarque dès les premières secondes et ce carton d'introduction qui contient une faute d'orthographe... Et comme dans le classique précédent, on note une faute de français « Je vous tenais à être remerciés », c'est dommage. En fait les problèmes sont les mêmes que pour L'ironie, là encore j'ai du mal avec le jeu d'acteur qui manque de naturel selon moi. En revanche ces maladresses d'acting ont pu donner une réplique incroyablement drôle qui sort d'absolument nul part : « Euh ta gueule » c'était tellement inattendu. Pas un point négatif mais je ne savais pas où l'évoquer, la musique apparemment inspirée de la composition Jóhann Jóhannsson pour Sicario est sans doute très bien vu comment l'artiste y accorde de l'importance mais je n'y ai (honteusement) pas fait attention.

Pour conclure, la forme presque irréprochable à ce stade de carrière efface presque le fond qui manque d'un poil de profondeur. Le tout s'avère quand même divertissant et intéressant. Plus les courts-métrages passent et plus je me demande ce que le cinéaste pourrait nous produire sur un long métrage avec du budget...En tout cas en quelques films il a déjà enterré la filmographie de Godard, bravo à lui.