Marée haute pour note bien basse

Le Chevalier de Londres est l'adaptation par Powell et Pressburger du Mouron Rouge : série de livres hongroise dont je n'avais personnellement jamais entendu parler. Si j'ignore tout du ton des romans ici portés à l'écran par le duo, force est de constater que le produit filmé est éminemment potache. Il est étrange de les voir s'attaquer à ce registre de comédie, leurs oeuvres ayant jusqu'ici été soit très sérieuses (Les Chaussons rouges, Le Narcisse noir, À l'angle du monde...), soit porteuses d'un humour plutôt fin et porteur de sens (Une question de vie ou de mort, A Canterbury Tale, Colonel Blimp...) mais la perspective de voir la révolution française - et tout ce qu'elle implique en termes de costumes et décors - à travers le Technicolor magistral des deux compères est suffisamment tentante pour calmer les appréhensions.

Le Chevalier de Londres nous raconte donc l'affrontement entre un anglais défenseur de la noblesse et un religieux partisan chevronné de la Terreur. Au fil des péripéties, ce roi du déguisement qu'est notre protagoniste va faire tourner en bourrique son opposant, tel un Fantomas du XVIIIe siècle.

On ne va pas se mentir, on est clairement loin du niveau des réalisations Archers de l'époque, le scénario et la réalisation sont assez peu inspirés et rendent difficile tout implication dans cette intrigue fort poussive. En plus de cela, c'est globalement pas très marrant, ce qui est un point négatif important pour une comédie. Le tout se termine sur un final assez affligeant auquel il est impossible de trouver une quelconque logique ou qualité. Cette escapade en terre comique du duo Powell/Pressburger est donc une déception de poids, elle ne sera heureusement qu'un épiphénomène, puisque l'année suivante il réaliseront Les Contes d'Hoffmann : film conceptuel à la beauté rarement égalée.