Le genre de vieux film qu'on pourrait montrer à un ami qui n'aime pas les vieux films

Dans la série "Je regarde des classiques du Cinéma" : Le Château de l'Araignée d'Akira Kurosawa

C'est un film qui mérite le titre de classique. J'ai vraiment passé un bon moment devant ce vieux film qui reste un beau bijou qui se regarde tout seul. La composition des plan, le montage, le rythme, le suspens, les détails, Kurosawa maitrise tout à la perfection.

Par exemple, Kurosawa a pris le soin de décorer les casques de chaque samourai avec un emblème particulier bien pratique pour les différencier vu que les acteurs japonais se ressemblent tous (Euh, c'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que comme les acteurs portent tous des armures qui cachent une partie de leur visage...et puis merde, vous pouvez signalez ce com si vous trouvez ça raciste). Bref, les casques de Washizu et du premier shogun du château qui tous les deux des gros croissants de lune collés dessus. Lorsque le vent souffle, ces décorations bougent mollement et font carton-pâte. Je sais pas si c'est pour se moquer des hommes de pouvoir ou si c'est un problème de costume, mais moi ça m'a bien fait rire.

C'est également le film où j'ai vu le plus de chevaux les ingérables de l'histoire de film avec des chevaux. Il y a pas un plan sans un cheval qui remue tout le temps la tête de haut en bas ou qui n'est pas foutu de rester à l'arrêt sans bouger. Après, c'est pas un défaut puisque l'agitation des chevaux sont là pour transmettre les tourments intérieurs de leurs cavaliers. Et on dit que Kurosawa est un génie.

Si la mise en scène est très cinématographique, la narration fait très théâtre, façon tragédie grec, avec des prédictions, de l'ironie et des personnages qui sont les artistes de leur propres chutes. D'ailleurs , ce n'est pas pour rien que ce film est une adaptation du Macbeth de Shakespeare (et là vous allez me dire que Shakespeare ce n'est pas du théâtre grec, ce à quoi je vous répond que vu le degré de drame de ces pièces, le gus, comme ces contemporains a au moins été inspiré par les vieux mythes grecs). Il faut toutefois apprécier ce genre d'histoire pour apprécier le Château de l'Araignée. Sinon, je ne peux vous conseillez de regarder les autres films de Kurosawa qui sont dans un autre registre.

Je finis sur Dame Asiji , épouse de Washizu et le vrai deuxième protagoniste de cette tragédie (et non pas Miki qui qu'on voit pas beaucoup). Très beau personnage féminin, qui a de bonnes raisons de pousser son mari à commettre l'irréparable et qui est superbement interprétée par Yamada Izuku aussi bien dans sa froideur que dans ses moments de prise de conscience.

Rien que pour elle, je me permet de pousser un coup de gueule : POURQUOI LA CHANSON DE PRESENTATION DIT: "La femme a une influence néfaste sur l'homme. Ici elle l'a fait monté sur un trône de sang". BORDEL ! ON MET TOUT SUR LE DOS DES FEMMES !
Pour rappel, Washizu est un homme orgueilleux qui veut être maitre du château parce que ça flatte sa fierté mal placée. Dame Asiji commandite certes des meurtres qu'elle finit par regretter, mais c'est toujours pour sécuriser le pouvoir de Washizu et ils en seraient pas là si il avait pas voulu ce putain de château maudit ! D'ailleurs je trouve qu'Asiji ferait un bien meilleur shogun que son mari vu l'efficacité avec laquelle elle arrive à renverser le shogun.

• C'était le moment féministe -

Bref, c'est quand un très beau film.