Souviens-toi, c’était en 1995, et dans les cours d’école on venait de découvrir qu’avoir des patates rendait euphorique les plus illustres inconnus de l’hexagone.
Comme le “non mais c’est dingue” des visiteurs avant lui, le “100 patates” est devenu viral pour toute une génération qui, ne disposant pas encore d’internet, en était réduite à rejouer la scène en boucle pour mieux la garder en mémoire.
Le lien avec le film du jour?


Aucun lien (fils unique!... tiens un autre film culte pour la peine), ah si ça parle vaguement de pommes de terre.


Avant de plonger dans le film, il faut s’intéresser à son titre: je n’ai jamais lu le livre de base mais j’ai longtemps été intriguée par son titre: il fait partie de cette vague d’ouvrages contemporains qui aguichent le lecteur avec un titre excentrique et énigmatique.
A défaut d’avoir envie de le lire, on est au moins tenté de se pencher sur son 4ème de couverture. La magie du marketing!


“Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates” était pourtant déjà une traduction tronquée du titre original qui parlait de “tourtes aux épluchures de patates”, histoire d’ajouter une couche (de pâte évidemment) d'ambiguïté.
On nous avait déjà menti sur la version papier, le travail de sape continue donc logiquement lors du passage sur grand écran.


Pourquoi avoir sacrifié la poésie du titre du livre pour en faire un banal “cercle littéraire de Guernesey?”
Sans doute pour donner le ton, pour montrer qu’on va se voir proposer un joli tableau à base d’île anglo-normande qui va oeuvrer à normaliser une histoire de base plus excentrique…


Je n’ai aucune idée de ce que donne l’œuvre originale mais le film est joliment décevant.
Il joue avec nos sentiments en convoquant le savant et éprouvé combo: drame historique/acteurs agréables à l’oeil/ charme à l’anglaise/ amour des livres/ romance.


On connaît la formule, elle a déjà fonctionné et on ne demande qu’à reprendre une part de ce pudding plein de sucre qui reste sur les hanches mais flatte le palais.
Sauf qu’on trouverait facilement du charme à ce genre de création si on était tombé dessus par hasard en zappant, si on l’avait vu depuis notre canapé, bien au chaud pendant une longue soirée d’hiver. On aurait pu oublier les défauts qu’on excuse moins facilement quand ils se déploient en grand sur un écran de cinéma.


Les jolis minois des acteurs ne font pas tout, les décors non plus.
La photographie est aussi pâle que la narration, et l’histoire qui aurait pu avoir un bon potentiel devient affreusement mièvre parce qu’elle est narrée sans aucune inspiration.
Tout a l’air fané avant d’avoir pu délivrer une fragrance quelconque.
C’est mignon mais sans plus, au mieux c’est vaguement agréable, au pire franchement maladroit et niais.
On a beau aimer les romances, l’époque, le charme britannique et l'hommage à la lecture, ça ne suffit pas.


Comme pour appuyer lui-même sur ses manquements, le film fait appel à une partie du casting de Donwtown abbey, en produisant l’inverse de l’effet désiré: à chaque fois qu’on croise des têtes vues dans l’excellente série, on mesure un peu plus le fossé qui sépare sa réussite de la tiède copie que nous livre cette virée à Gernesey.


Ce film aurait sans doute été très bon s’il était sorti il y a 15 ans, aujourd’hui il ne parvient pas à nous faire oublier qu’on a déjà vu bien mieux récemment.

iori
6
Écrit par

Créée

le 10 oct. 2018

Critique lue 585 fois

3 j'aime

3 commentaires

iori

Écrit par

Critique lue 585 fois

3
3

D'autres avis sur Le Cercle littéraire de Guernesey

Le Cercle littéraire de Guernesey
Roonie
9

Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous

Avant de commencer, le lecteur doit être averti de trois points. Premièrement, je n'ai jamais lu le livre dont est tiré ce film. Deuxièmement, mes goûts cinématographiques ne sont ni des plus sûrs,...

le 11 juin 2018

6 j'aime

2

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

27 j'aime

9

Les Cowboys
iori
8

Kelly watch the stars

François Damiens dans un film qui s’intitule “les cowboys”, où il incarne un père de famille fan de country dans les années 90. Voilà une base qui donne envie. Envie de fuir bien loin. Sauf que ça se...

Par

le 18 nov. 2015

24 j'aime

7