Certes, Carnival of Souls est un film très novateur pour l'époque, qui introduit un concept maintes fois réutilisé ensuite au cinéma (voir l'Échelle de Jaboc, the Machinist).

Certes, c'est une histoire d'épouvante originale, intelligente, et bien construite.

Certes, ça a été une source d'inspiration majeure pour David Lynch et George Romero.

Certes, le décor de la fête foraine délabrée est devenu emblématique.

Certes, la bande son à l'orgue est assez entêtante.

Certes, c'est un film-témoin des années 60, qui marquent un tournant majeur dans la façon de concevoir le cinéma.

Certes, c'est d'une grande inventivité visuelle (enfin là il faut quand même rendre à César ce qui appartient à Orlock, ce genre de maquillage et d'esthétique existe au cinéma depuis les expressionnistes, et eux-même l'ont largement piqué aux descriptions de spectres et de doubles telles qu'on les trouve dans la littérature romantique du 19e siècle).

Grand amateur d'horreur psychologique, j'aurais en première approche plein de raisons d'aimer ce film, mais il y a un problème de taille, qu'on peut résumer en six mots : Candace Hilligoss joue comme un pied.

Un mauvais acteur n'est pas forcément un obstacle à l'appréciation d'un film, mais encore faut-il que le reste du film soit dans le même esprit, et là on essaye quand même de créer une ambiance sombre et macabre, qui tombe complètement à l'eau (effectivement) quand chacune des mimiques et chacun des cris de l'actrice provoque une franche envie de se marrer. Ça pourrait être une qualité, mais là c'était un film que j'avais envie d'aimer, au premier degré, pas un film dont je voulais me moquer.

Du coup je me retrouve dans une position inconfortable, à essayer de faire abstraction de cette femme pour profiter du film, alors qu'elle est à l'écran 98% du temps. Évidemment, ça ne marche pas, et à la fin non seulement je n'ai pas profité de l'ambiance du film, mais je ne garde même pas la consolation d'avoir ri de cette pitoyable performance, vu que ce rire était plus un mécanisme de défense qu'autre chose.

C'est d'autant plus extraordinaire que Candace Hilligoss est censé avoir appris à jouer sous l'égide de Lee Strasber, qui a formé nombre de grandes stars hollywoodiennes, de Dustin Hoffman à Al Pacino. Il faut croire que même les meilleurs professeurs ont leurs cancres.
Arcturuspb
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le 20 nov. 2012

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