Les vieux n'ont pas dit leur dernier mot

Ces dernières années, on a vu fleurir sur nos grands et petits écrans une flopée de productions estampillés Vieilles Canailles. A l'honneur, des acteurs et des actrices ayant survécu à la terrible date de péremption tacite du grand Hollywood; ceux ressortis des villas dorées pour l'occasion, ceux récupérés dans des castings de la dernière chance, ceux dont on s'est miraculeusement rappelé le nom, et ceux qui n'avaient jamais lâché l'affaire, opiniâtres, convaincus, droits dans leurs bottes, et prêts à en découdre.


Globalement, les rejetons du carton du premier Expandable - improbable et imparable succès qui a remis au gout du jour les anciennes gloires qui n'ont pas à rougir de leurs carrières, bienheureux de revenir sur le devant de la scène.


Last Vegas est de cette nouvelle vieille vague. Rien d'original dans le déroulé. Des potes de toujours aux relations solides mais houleuses. Un cadre qui invite au dérapage dont on sait qu'il va arriver. Une réal propre, sage, sans fioritures, banale, efficace. Une fête qui met en lumière des failles et des faiblesses, de vérités et des révélations. Bref, une vieille formule de buddy movie qui a fait ses preuves, à la différence près qu'est ce fameux casting.


Les cinq Vieilles Canailles sont impeccables. Castés pour leur représensation ultime. Douglas en vieux beau arrogant, De Niro en grognon-qui-cache-un-petit-coeur, Kline en éternel clown maladroit, Freeman en garant de la paix sociale et de la sagesse, et Steenburgen, beauté américaine délicate au sourire plein de sous-entendus.


Ils sont à fond. Convaincants. Mais surtout, ils ont l'air sincères. Exprès?
Sous le maquillage automatique, on nous montre volontairement, mais on nous laisse aussi voir parfois sans le vouloir, les implacables réalités de l'âge, de la vieillesse et des corps qui s'effondrent - Morgan Freeman qui danse, quelques secondes dans cette énorme soirée dans cette suite tirée à 50 cent, académique, old school, lumineux mais tremblotant, est un moment de liesse indicible.


Là où Last Vegas aurait pu se contenter d'appliquer la recette Hungover à la lettre en remplaçant quatre trentenaires par quatre sexo, et devenir un simple bordel joyeux d'où on essaye de sortir entier, le film se permet un peu de douceur et de délicatesse dans le traitement de ces gaillards plus près de début que de la fin, et de leurs considérations existentielles. Le scénario retient ses coups, préférant de chouettes scènes de groupes, revanchardes, malicieuses, complices et drôles, à une surenchère de gags qu'on verrait venir du trottoir du casino.


On termine le tout sur un message concon mais qu'on ne traite plus beaucoup, finalement.
Rien n'est fini tant qu'on est encore là. Même mieux, des choses peuvent continuer à commencer. C'est simple. Suffisamment subtil. Convaincant. Et ça ne cherche pas à être autre chose.


Et puis franchement, si j'ai apprécié Hungover, ça serait hypocrite de descendre Last Vegas.

Sister-Hyde
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le 3 déc. 2020

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