Avant toute chose, Las Vegas Parano n’est pas un simple film mais une expérience. Au lieu d’une représentation d’un délire hallucinatoire de deux jeunes, le film est en lui-même un délire hallucinatoire.

Raoul Duke (Johnny Depp) et son avocat et ami Dr. Gonzo (Benicio Del Toro) vont faire un road trip à Las Vegas à bord d’une Chevrolet rouge sang pour couvrir une course de motos. Durant ce voyage « d’affaire » Duke et Gonzo sont venus avec une panoplie de drogues dont ils ont l’intention de se servir (mescaline, LSD, cocaïne, marijuana…).

Durant tout le film les protagonistes vont êtres défoncés et nous avec puisqu’on à l’impression d’être dans la tête de Duke. Chercher de la cohérence dans ce film devient très vite difficile et on se demande assez souvent « mais qu’est-ce que je suis en train de regarder ? ».

Il faut noter l’excellence du jeu d’acteur de Johnny Depp dans le rôle de Duke (rôle qu’on aurait pu donner qu’à lui).

Un fait qui peut être dérangeant dans ce film (qui a eu un gros impact sur ma note) est que le film ne raconte rien, il n’y a pas de péripétie de début et de fin, on suit seulement les deux personnages dans leur trip et à partir d’un moment on commence à s’ennuyer.

Dans le film, l’artificiel est partout : que ce soit des drogues qui donnent la vision d’un monde factice ou même le choix de Las Vegas et des lumières artificielles de ses casinos.

Ce film n’est pas centré sur les dangers de la drogue (même s’ils sont abordés) comme le serait Requiem for a dream ou Trainspotting, mais il nous donne plutôt une critique du monde moderne dont la drogue est une échappatoire.

Les deux protagonistes rejettent leur conscience, ils rejettent ce qui fait d’eux des êtres humains : ils se comportent comme des bêtes. Cependant ce qui passe pour de l’idiotie de deux jeunes qui se comportent comme des animaux et perdent ainsi toute dignité et force mentale peut être vu d’un autre œil si on se demande pourquoi font-ils ça.

Avec la citation en introduction :

Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d’être un homme

Gilliam nous montre que cette prise excessive de drogue des personnages n’est pas seulement due à leur bêtise mais surtout à un refus de vivre dans ce monde.

D’un film comique de deux jeunes toxicos, ce film devient alors une critique de la société et prend un tout autre sens.

Cette société c’est l’Amérique du début des années 70 : une société secouée par la guerre du Viêt-Nam, la fin des Trente glorieuses et la fin de l’ère hippie. Duke se trouve dans cette période où les revendications sociales des hippies des années soixante ont échoué, la guerre du Viêt-Nam continue et l’économie capitaliste est devenue le nouveau rêve américain.



black_dune
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le 11 août 2022

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