Lady Snowblood... où l'oeuvre cultissime injustement éclipsée par celle qui s'en "inspire" très fortement ( pour ne pas dire autre chose ). Incontournable pour tous les fans de "chanbara", genre théâtral et cinématographique japonais axé autour des combats de sabres ( l'équivalent du film de cape et d'épée européen en somme ), on a ici un film qui ne fait pas dans la demi-mesure, notamment en ce qui concerne les effusions fréquentes de litres d'hémoglobine à l'aspect étrangement épaisse.


Impressionnant visuellement parlant, Lady Snowblood se révèle très vite être un véritable condensé de virtuosité à chaque changement de plan et réussit à entretenir la fluidité du rythme, le tout sublimé par des images d'un Japon alors à l'aube d'une nouvelle guerre ( l'intrigue se déroulant en plein milieu de l'ère Meiji, 20 ans après le viol de la mère de Yuki qui lui, eut lieu au début de celle-ci, on peut supposer que la guerre brièvement évoquée n'est autre que le conflit sino-japonais (1894-1895) ).


Il est intéressant de noter cet aspect à mon sens car si l'on fait l'analogie avec les deux Kill Bill, on a ici un film qui s'ancre dans un contexte historique bien précis, même si celui-ci n'est quasiment jamais évoqué explicitement ( hormis vers la fin où l'un des antagonistes s'avère être devenu trafiquant d'armes pour le compte du gouvernement qui prévoit l'entrée en guerre imminente de l'empire du Soleil levant ), tandis que Tarantino se contente de faire l'impasse sur un quelconque contexte de ce genre pour son intrigue ( qui ne se déroule toutefois ni à la même époque, ni dans le même pays ).


Bien que mineur, ce détail a tout de même une certaine importance dans le cours des évènements puisque le "père" ( pour faire simple ) de Yuki ( la protagoniste ) est assassiné devant les yeux de sa femme en raison de ses vêtements blancs qui laissent supposer son appartenance au gouvernement, ajoutant un léger côté politique à l'oeuvre.


D'une manière globale, Lady Snowblood, non content d'être un film très sombre ( mais malgré tout assez jubilatoire ), est une oeuvre bien plus intelligente qu'elle peut le laisser penser et a le mérite d'explorer des aspects trop rarement évoqués dans les films de ce genre comme celui de la vie en dehors de la quête de vengeance ( comme lorsque l'on voit une Yuki complètement désoeuvrée, les rares instants où elle est déviée de la mission pour laquelle elle est venue au monde ), donnant une profondeur au personnage principal ainsi qu'un intérêt supplémentaire au film.


Tant d'aspects finalement balayés dans le diptyque extrêmement populaire de Tarantino, auquel j'avais déjà particulièrement de mal à accrocher avant même de voir Lady Snowblood, et qui aujourd'hui me paraît sans intérêt.

Garniax
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le 4 mai 2019

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