Le fils aîné de l'acteur Alan Ladd avait débuté comme agent des stars déjantées Judy Garland, Peter Sellers et autres vedettes comme Robert Redford. Il décrocha des contrats pour Richard Donner à la télé, travailla à Londres pendant un an pour une compagnie d'agents dans le but d'ouvrir une branche à Los Angeles et devenir à la fois agent et producteur. Comme il était illégal de porter les deux chapeaux, il retourna à Londres avec son vieil associé Jay Kanter, rejoignant les producteurs Jerry Gerschwin et Elliott Kastner. Il quitta l'Angleterre lors de la hausse des impôts dans les années 70. Et on lui proposa de travailler chez Fox.


Après une dizaine d'années de service (durant lesquelles il donna le feu vert à Frankenstein jr, à Phantom of the opera, à Rocky horror picture show!), il démissionna, ayant échoué à obtenir des primes pour les personnes qu'il avait mises à des postes de responsabilité - parmi lesquelles, peut-on supposer, les productrices Lisa Henson, Ally Stewart, Lucy Fisher - et il créa la Ladd Company, qui produisit Blade runner. Alors, sa nouvelle collaboration avec Warner bros dura cinq ans ; puis il fut forcé de se mettre au service de MGM en 1986. Il était supposé revivifier le studio qui connaissait un coup de mou, mais les changements de direction s'enchaînèrent pour culminer avec le fiasco de l'achat par Giancarlo Parretti (patron de Pathé?) à l'aide d'emprunts auprès du Crédit Lyonnais. Ce qui ne l'empêcha pas de chapeauter la production de Rocky 5, Spaceballs et Un poisson nommé Wanda - et Thelma & Louise. Mouais.
En quittant MGM, il gardait la main sur Braveheart qu'il co-produisit avec Paramount et la Fox (pour financer les scènes de batailles!).


Sans Alan Ladd jr, pas de Kagemusha (il a mis 6 millions sur la table), pas de Norma Rae, pas d'Alien ni de Blade Runner, pas de Frankenstein jr ni de Guerre des étoiles (il a soutenu Lucas pendant trois ans contre le studio)... Il avait les intuitions et le sens artistique des producteurs de l'âge d'or hollywoodien (il a suggéré que Damien survive à la fin de La Malédiction), sans interférer dans le travail des réalisateurs (ce qui tourna mal avec The right stuff, cette prétentieuse enflure de propagande dont le buget explosa).
Il donna leur chance comme réalisateurs à Mel Gibson (Braveheart) et Ben Affleck (Gone baby gone). Ce qui s'appelle avoir du nez.
Quand Ridley Scott, peinant à trouver un acteur pour le rôle de Ripley, laissa in extremis Sigourney Weaver faire un essai dans le décor d'Alien déjà construit, Ladd proposa de la faire jouer devant toutes les secrétaires qu'ils pouvaient dénicher aux environs, et il se fia à leur opinion. Il produisit les films de Paul Mazursky comme An unmarried woman ; mais aussi Julia, Nine to five, Three women...


Fils de la première épouse d'Alan Ladd, junior n'avait jamais été inclus dans les mises en scène des journaux puritains de l'époque, qui ne montraient pas non plus l'alcoolisme de son père, qui le tuerait à 50 ans ; mais les photos de famille attestent qu'il n'avait pas été rejeté non plus. D'ailleurs, son demi-frère témoigne de leur grande proximité jusqu'à aujourd'hui.
Apparemment, Ladd jr est devenu un patriarche bienveillant, au boulot comme en famille. C'est l'image qu'en donne ce documentaire, hommage rendu par sa fille cadette. Quand les deux Mel (le fou du roi et le fou de dieu) disent du bien de quelqu'un, de concorde, j'ai tendance à les croire.


Ladd mort en mars 2023, Richard Donner deux ans avant, la note de restaurant que Mel Brooks paie toujours doit être plus légère (l'ambiance moins) à la petite table des briscards qui se retrouvent régulièrement pour rigoler. Au fil des lauriers tressés par Gibson, Donner, Lucas, Howard, Mazursky, Jenna Topping, Allyn Stewart, Lili Fini Zanuck, Betty Thomas, et aussi ses vieux collaborateurs Jay Kanter et Michael Gruskoff, je suis étonné de ne pas avoir entendu ce vieil increvable de Brooks qualifier Ladd de "mensch". Il a dû oublier.

ChatonMarmot
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le 9 juin 2023

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