Cadre fixe, appartement d'étudiant : des cendriers improvisés, des bouteilles vides, des gobelets qui traînent, des vêtements éparpillés, des lits sans draps mais avec duvet, des piles de bouquins écornés un peu partout, des bureaux où il n'y a plus de place pour travailler sans qu'on sache véritablement ce qui encombre autant.
Une soirée avec trop de gens ou alors dans une trop petite pièce, les corps s'étalent les uns sur les autres, des clopes, des clopes, des clopes. Des bavardages inutiles. De l'ivresse à ne plus savoir quoi en faire.
Un lendemain de cuite sans heure, une clope au réveil : la glande dans un dépotoir charmant et joyeux.
Une nouvelle soirée - le temps n'existe pas dans la vacuité étudiante. Une bande de potes qui discute, des conversations éparses où l'on entend plus personne. Une bande de pote qui attend : la before, la soirée, l'after.
"Tout le monde met ses chaussures ou on va jamais partir." Des clopes devant les bars où l'on ne rentre finalement pas, des inconnus croisés dans la rue, meilleurs amis d'un soir, des flaques de pisse au milieu des voitures. Le chemin du retour le matin dans la rue, bringuebalants, fatigués de l'alcool et rigolards de l'ivresse matinale.
Les relations amicales et amoureuses qui tournoient, graves et stupides.

La justesse de ce film est incroyable. Tant de phrases dites par ces personnages (difficile de les nommer ainsi tant ils ont l'air d'exister) ont été dites durant mon année de licence à l'université. L'âge de l'indépendance idiote, où le paradoxe de l'importance est à son comble : tout est important et rien ne l'est. On fronce les sourcils aussi bien qu'on hausse les épaules.
Je suis dans le film, le film est une partie de ma vie. Je rigole de mes bêtises d'avant, de cet folle énergie à savoir ne rien faire pendant si longtemps et à s'en plaindre sérieusement. Les acteurs et actrices traînent dans leurs études d'histoire, de lettres, de cinéma, de musique dans un ennui merveilleux.

Ce film est une énorme bizarrerie cinématographique, il réussit parfaitement ce qu'il propose : un formidable quasi-documentaire sur le vide naïf estudiantin.
slowpress
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le 6 oct. 2014

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slowpress

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