La Vénus à la fourrure par Sophia
La Vénus à la fourrure m'a donné l'impression d'assister à une version humoristique, complètement sensuelle et sexuelle, érotique et dérangeante du Locataire. Mathieu Amalric incarne un Polanski de l'époque du Bal des Vampires, même coupe de cheveux, même expression enfantine, naïve, au regard troublé et humide, une lueur vacillante, brûlante, nichée au fond de la rétine. Emmanuelle Seigner est déchirante, magnifique, inquiétante, sensuelle, incarnant la femme fatale dans une version moderne qui auto digère son statut aux yeux de l'homme. L'analyse fait en direct est d'autant plus troublante que le film fonctionne sur une mise en abîme vertigineuse. N'est-ce pas Roman derrière le metteur en scène qui manipule et se fait manipuler par une actrice qui éveille en lui des sentiments amoureux troubles et puissant, alors que c'est justement sa femme qui joue la Vénus à la fourrure? Le trouble. C'est le mot qualifiant le mieux le film sans doute, ou peut-être une sensation de vertige. Tout ici est ambiguë, et il faut douter de tout, pourtant, impossible de ne pas se perdre, de ne pas lâcher prise, totalement. La mise en scène s'effaçant complètement, laissant place à un jeu d'acteur, de dialogue, un jeu tout simplement, qui a des prises de plus en plus réelles à mesure que l'érotisme servant à nous envoûter, à nous prendre au jeu, se transforme peu à peu en une nébuleuse angoisse, renvoyant aux premières heures du cinéma de Polanski, et à ses meilleures oeuvres. Chef d'oeuvre? Peut-être bien. L'idée reste à méditer.