Helen Wells, une anglaise arrive en Normandie pour y louer une maison isolée à la campagne, elle se fait accompagner en voiture par un français s’en allant retrouver ses compagnons de chasse pour une traque au sanglier. Ils se retrouvent vite suivi par deux hommes, deux frères, Albert et Paul à l’humour particulier qui s’avèrent faire partie de ce groupe de chasseur. Helen déposée, elle fait la connaissance des deux hommes dans une séquence oppressante un peu en décalage avec ce qu’on vient de voir et qui amorce ce qu’on s’apprête à voir.
La petite troupe au complet c’est un début de journée banale pour un groupe de chasseur. Petit déjeuner alcoolisé, une ambiance potache ou les dialogues fusent et les relations entre les personnages s’établissent rapidement, les caractères ressortent, leur statut social aussi, dans un parler naturel grâce à un enchaînement de plans et de dialogues qui rappelle la maîtrise d’un Tavernier.
Mais la traque commence, et toute cette ambiance un peu bon enfant s’estompe peu à peu ainsi que la comparaison avec Tavernier qui distille toujours un peu d’humour dans ses films. Au fil du temps on se rend compte que tous ont un statut social relativement élevé dans la région, qu’ils ont tous des intérêts financiers ou immobiliers et qu’ils se connaissent tous très bien, probablement même un peu trop.
La traque est vite interrompue lorsque les deux frères tombent sur Helen qui se baladait dans la forêt et… la viole sous le regard silencieux d’un autre camarade, Chamond, trop lâche pour s’imposer. Helen réussira à blesser son violeur au ventre avec un fusil de chasse et se retrouvera traquer par ces chasseurs.
La suite est d’une noirceur folle. Les relations entre les personnages introduites précédemment prennent tout leur sens et montrent une facette de l’humanité extrêmement pessimiste. La victime est seule traqué comme une bête et le restera, les voix d’oppositions qui s’élèvent dans la troupe ne sont que des oppositions de façades qui s’effaceront bien vite face à la pression du groupe ou de son propre égoïsme et individualisme.
Ce film ressorti grâce à une édition Blu-Ray édité par le chat qui fume mérite absolument d’être redécouvert car il est passé assez inaperçu à son époque. Sans atteindre le nihilisme total de Les chiens de paille de Sam Peckinpah ou le côté ultra glauque d’un Délivrance de John Boorman, ce film reste néanmoins une énorme claque de pessimisme sur l’homme, peut être plus terre à terre que les deux autres il s’en dégage un réalisme sinistre glaçant.