En sortant de la salle de cinéma, impossible de mettre de l'ordre dans mes pensées, de dire quoi que ce soit sur La Tortue Rouge tant il m'a chamboulé.
Tout comme le personnage principal, nous sommes emportés dès les premières images sur les rivages d'une terre inconnue - onirique, mystérieuse et belle. Le rêve et la poésie y sont roi et reine.
Si les premières minutes surprennent par la simplicité des traits des dessins ainsi que par la trame qui s'annonce encore plus simple, nous finissons par nous immerger dans ce monde. La musique, la curiosité et finalement les dessins nous retiennent et nous prennent par la main pour aller à la rencontre du véritable personnage central : la tortue rouge. La tortue rouge, c'est elle qui amène tant de beauté et de poésie à ce film d'animation, c'est elle qui nous captive. Lorsque nous nous retrouvons face à elle, c'est un choc. On retient notre souffle. Elle est si belle.
Au delà de la beauté, la tortue apporte avec elle une violence inouïe. Une violence qui se matérialise à travers l'homme échoué. Une violence qui passe par la colère, la monstruosité, l'amour de ce dernier - l'amour grand et puissant qu'il donne à ses proches. La nature est elle aussi la source d'une grande violence. On peut d'ailleurs la considérer comme un personnage à part entière tant elle a de l'importance : la seule chose qui relie les protagonistes au monde civilisé est une gourde.
Remarque : la beauté semble pouvoir persister uniquement grâce à la violence sous toutes ses formes. En effet, lorsque la mer dévaste l'île, la beauté de cette dernière se renouvelle à travers les nouveaux arbres qui commencent à pousser. Sans la vague géante, il n'y aurait pas eu de renouvellement et la beauté aurait sans doute disparu à cause des arbres vieillissants.
Le film avance, lentement, doucement, et notre cœur bat la chamade. On sait déjà comment tout va finir et on n'en a pas envie, de cette fin. C'est là toute la force du film : nous captiver alors qu'on en connaît l'issue. Mieux encore ! nous captiver sans aucune parole. Les émotions passent par les visages, les cris de fureur, les rires, les gestes des personnages et la musique (parfois douce, parfois violente, parfois joyeuse, parfois triste).
En réalité l'histoire que la tortue rouge nous raconte, on la connaît déjà avant même de visionner le film - et pourtant, étrangement, l'histoire ici ressemble à un rêve. Ce qui fait la différence c'est qu'on ne nous l'avait simplement jamais racontée de cette façon.
Lorsque pour la toute dernière fois l'écran devient noir, notre cœur s'arrête un instant. "Pourvu que ce ne soit pas la fin", se dit-on.
On émerge de La Tortue Rouge comme d'un beau rêve : on referme très vite les yeux en espérant pouvoir y replonger. Ce film captive par son onirisme, sa poésie, ses métaphores, ses symboliques, sa violence, sa beauté, sa simplicité et bien sûr par la tortue rouge.