J'imagine que nous avons tous été confronté, un jour ou l'autre, à un film que les critiques n'encourageaient pas à voir, mais que nous souhaitions regarder malgré tout ; pour ne pas mourir idiot, car nous apprécions le réalisateur, ou toute autre excellente raison. Souvent, le contenu du film justifie ces mauvais retours, et plus rarement, il peut s'agir d'une bonne surprise.
Dans le cas de La Somme de toutes les Peurs, j'étais attiré par le scénario, adapté d'un roman de Tom Clancy. Non pas que les long-métrages tirés de ses écrits n'aient accouché que de chefs d'œuvre, mais il en est au moins un que j'apprécie tout particulièrement, et qui me pousse à leur donner leur chance ; tout le monde n'est pas McTiernam, mais à travers A la Poursuite d'Octobre Rouge, il avait su montrer tout le potentiel du genre.
Sincèrement, après avoir terminé ce film, je comprends parfaitement les reproches qui peuvent lui être fait. Mais d'un autre côté, je trouve qu'il reste des éléments à sauver, et qu'il mérite d'être vu même s'il n'exploite jamais sa pleine puissance.

Un reproche facile à faire, d'emblée, concerne Ben Affleck. Ici, il incarne Jack Ryan, personnage récurrent de Tom Clancy. Ryan est un héros qui ne peut exister dans la réalité : un ancien marine, blessé lors d'une opération, et qui depuis réalise un travail d'exception en tant qu'historien spécialiste de la Russie (de l'URSS à l'origine). Il se retrouve sur le terrain, et bien entendu, il sauve le monde.
Son premier interprète fut Alec Baldwin, qui s'il manque de crédibilité en tant qu'ancien soldat reste parfaitement crédible dans le rôle. Ce fût ensuite au tour de Harrison Ford, un parfait Jack Ryan. Par contre, quand Ben Aflleck nous fait croire qu'il a un QI supérieur, que c'est un ancien soldat d'élite, et qu'il parle couramment russe et ukrainien - entre autre - bizarrement, cela tient difficilement la route. L'acteur n'est pas taillé pour le rôle ; à la rigueur, il peut être crédible en léger geek un peu balourd - là, je me réfère à ses scènes avec Morgan Freeman, qui le mange tout cru à chacune de ses apparitions - mais il manque d'une carrure nécessaire.

Ceci étant dit, que penser du film en lui-même ? Déjà, que le scénario est assez couillu, et au début vraiment bien fait. Le contexte géo-politique parait crédible, il est surtout bien représenté par le réalisateur. Le rythme semble lent, mais nous ne sommes pas très loin de La Taupe en terme de construction. En son milieu, le scénario atteint son apogée par un événement majeur, culotté et donc appréciable. C'est ensuite que cela se gâte. Notre héros se lance dans une croisade à la limite du grand-guignol, et donne l'impression de se battre contre une armée d'autistes qui refusent de l'entendre. Non seulement cette partie est longue, mais elle s'avère surtout excessivement frustrante ; le film aurait pu durer bien 30 minutes de moins sans que cela ne soit dommageable, bien au contraire.

A part Ben Affleck, nous avons droit à une brochette de bons acteurs. Le scénario est intéressant car il aborde des thèmes d'actualité, et possède une construction plus que correcte. Ce qui plombe La Somme de Toutes les Peurs, ce sont vraiment ses problèmes de rythme et son manque flagrant d'intérêt dans la seconde partie, légèrement rehaussée par les dix dernières minutes du film. L'ensemble aurait pu être bien meilleur.
Ninesisters
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le 5 mars 2012

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