Avec La Relève, Clint Eastwood réalise et interprète son ultime film où il campe un policier en exercice. Déterminé, ronchon et expéditif, il ne pourra plus mener ce genre de projets. La société a évolué et, à l’entame des années 90, on ne peut plus dézinguer du méchant avec une insigne de flic, et Eastwood a atteint, en outre, la limite d’âge pour évoluer dans un film d’action (la fin est d’ailleurs symptomatique puisqu’il prend place derrière un bureau).
Présenté comme un pur divertissement, le film peut étonner. Clint a été peu regardant sur le scénario du dernier Harry, deux ans plus tôt, qu’il n’a accepté que pour financer son projet de Bird. Or on a ici l’impression de prolonger quelque peu ce plaisir coupable. Peu créatif, le film nous fait le coup du vieux flic (à qui on ne l’a fait pas) associé à un jeune premier qui va se révéler à la hauteur de son partenaire. Sur le papier, Eastwood coche toutes les cases mais le résultat déçoit.
Si on a droit à quelques scènes d’action plutôt réussies, l’intrigue est réellement poussive et Charlie Sheen peine à convaincre en jeune premier qui se met à tout péter. Clint passe progressivement au second plan au terme d’un rebondissement totalement improbable et le film baisse alors cruellement d’intensité. Autrement dit, c’est le vieux Clint qui tient ce film avec ses répliques à l’emporte-pièce car l’ensemble, s’il est distrayant, manque cruellement d’imagination alors que Raul Julia en méchant de service était une excellente idée. Typiquement le genre de films qu’on aurait voulu aimer davantage mais qui est trop paresseux pour nous satisfaire entièrement.