Le British Film Institute a fait appel à un réalisateur de courts-métrages au style sensualiste, pour adapter un scénario inspiré par la redécouverte de trois lettres adressées aux autorités religieuses en 1329. Elles concernent Christine Carpenter, une jeune fille de 14 ans qui souhaitait être enfermée dans le mur de l'église d'un village du Surrey ; la réalisation de ce souhait ; puis son retour après sa fuite.


La scénariste Judith Stanley-Smith était intéressée par le caractère paradoxal du statut d'anachorète, permettant d'échapper aux obligations sociales - en passant sa vie en captivité.
Le pouvoir spirituel favorisa cette démarche, qui offrait des possibilités de promotion de la foi. Le film nous montre ses vélléités de mainmise sur la jeune fille ayant entendu l'appel de la vierge, dont les visions, le discours et les conseils donnés aux visiteurs, n'entrent pas dans le cadre d'une orthodoxie à laquelle elle n'a pas accès. La première broderie inspirée de ses illuminations célestes enflammées par les hormones, représente la vierge jambes écartées. Et depuis son étroit cloître, elle défie l'autorité religieuse, comme sa mère guérisseuse aux accointances douteuses dont l'activité de sage-femme va envenimer son conflit avec le curé local (devant lequel elle pisse, marquant sa désapprobation face à l'incarcération de sa fille).
On voit comment la définition d'une hérésie doit être laissée à la discrétion de l'élite sacerdotale, seule versée dans les arcanes des saintes écritures.


La vocation de Christine est provoquée par de fortes impressions sensibles. Son identification à une statue de la vierge passe par des gros plans sur la texture de leurs visages. Elle entreprend de remodeler la chevelure de la statue pour lui donner des tresses inspirées par les épis de blé. La sainte se manifeste via les effluves d'un pain rompu. Ses messages sont des battements d'ailes de colombe. Les sons de la nature sont la seule musique qui accompagne les personnages - vent, eau et chant des oiseaux.
Le contraste nuancé du noir et blanc, les gros plans, mettent en valeur les matières.
Le cinéma est un bon medium pour réunir l'immanence et la transcendance.


Mes mots ne peuvent pas rendre compte de la beauté du film.

ChatonMarmot
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le 14 avr. 2018

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